Je dois admettre qu'il est assez stupide
d'écarter un livre en fonction de son titre mais c'est ainsi, le titre est pour
moi comme une promesse. Je suis donc clairement passée à côté du premier
ouvrage de Franck Courtès dont le titre évoquait la course à pied...très peu
pour moi, merci. Depuis, j'ai appris qu'il s'agissait d'un recueil de nouvelles
et il figure en bonne place dans ma pile à lire (que je gère certes avec la
plus grande anarchie).
Par contre, j'ai bien fait de persister
(second principe de lectrice) dans la lecture de "Toute ressemblance avec
le père" car je dois bien l’avouer, le début du roman ne m’avait pas
vraiment convaincue. Je ne voyais pas bien où Franck Courtès voulait nous
amener, à suivre son héros, Mathis, un photographe séducteur, célibataire et
immature. A tourner en rond en fait,
comme Mathis, marqué par la disparition brutale de son père alors qu’il est adolescent,
incapable de construire sa vie d’adulte à l’aune d’une figure paternelle
entièrement fantasmée par l’ensemble de la famille, à commencer par Mireille,
l’épouse trompée qui s’accroche au leurre d’un bonheur conjugal passé, puis
Vinciane, la fille, archéologue parcourant la planète, quel que soit le danger,
comme un défi permanent pour rester digne de son père et enfin lui-même qui
collectionne les conquêtes comme son père avant lui.
Pourtant Mathis sait qu’il n’est plus
possible de surnager ainsi dans cette nostalgie paralysante. Pour s’affranchir
de la tutelle fantomatique, il doit régler le solde du passé, retrouver celui
qui l’a privé de son père.
Une partie du roman se déroule en
province, dans la Marne, territoire bien connu de l’auteur et dont il brosse
d’ailleurs un portrait sociologique, comment dire… sans détours. Mais c’est
avec une véritable tendresse que Franck Courtès nous amène à percevoir,
davantage qu’il ne décrit d’ailleurs, cette nature composite faite de champs et
de vignes, de forêts et de pièces d’eau, sillonné par le « ruban d’argent »
de son cours d’eau éponyme. On y découvre quelques « spécimens locaux »
(j’emploie l’expression car il les a caricaturés à dessein) finalement
attachants…
Progressivement, Mathis qui m’agaçait
tant au début du livre a gagné mon empathie (le passage où il décrit l’amour
que sa sœur lui porte malgré ses défauts est particulièrement touchant) et c’est
avec respect, encouragement (mais tu ne le vois pas que le bonheur est à ta
portée ?) puis soulagement (voilà, il l’a enfin vue !) que je l’ai
accompagné dans son parcours vers la paternité et le bonheur qui en découle.
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