tag:blogger.com,1999:blog-77915860275853428562024-03-05T11:53:18.577+01:00Les chroniques de Petite BalabolkaPetite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.comBlogger158125tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-69247800251262541092020-05-17T21:15:00.000+02:002020-05-17T21:20:52.305+02:00Imaqa de Flemming Jensen<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbS4g-L112sNOmHM0nzk1Kj4XPOXIsqD1lTDaSviJqiMD0U5bNWAjXd9xDWfRgcq0V2-JJSQDyLpkkH5j4TlGkvhFeFYfN9T6hPpLYYH3cnshZ_pcXiLjQH132iYjxucxK4_5bNZlfq2Fu/s1600/20200517_162053.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbS4g-L112sNOmHM0nzk1Kj4XPOXIsqD1lTDaSviJqiMD0U5bNWAjXd9xDWfRgcq0V2-JJSQDyLpkkH5j4TlGkvhFeFYfN9T6hPpLYYH3cnshZ_pcXiLjQH132iYjxucxK4_5bNZlfq2Fu/s320/20200517_162053.jpg" width="240" /></a></div>
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Entre ce livre et moi, on peut dire que l'entreprise s'est révélée laborieuse. Commencé puis abandonné, repris à la faveur d'une situation qui m'empêchait d'aller faire un tour à la librairie, la deuxième tentative s'est étirée en longueur. J'ai, en effet, eu bien des difficultés pour me familiariser avec la syntaxe que j'ai trouvée un peu bancale par moment, à vrai dire. Quelques longueurs à mon goût également dans le déroulé de l'histoire. Et pourtant, c'est un livre que je ne regrette pas d'avoir lu car les thématiques abordées sont très intéressantes.</div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRRZxdAs675p40lhy7V5Se0vYKU25lJeVPbQjP9srEjbXV7PdxZwKpLbuPgpTLbvp3JXHMhkyS6Xeml9lICfIu9VXCaJjB8meFhVYdMcoBD3k1nzgs6IF7BLF7SCAenjrp_2GBnaBJAFo1/s1600/20200517_181724.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRRZxdAs675p40lhy7V5Se0vYKU25lJeVPbQjP9srEjbXV7PdxZwKpLbuPgpTLbvp3JXHMhkyS6Xeml9lICfIu9VXCaJjB8meFhVYdMcoBD3k1nzgs6IF7BLF7SCAenjrp_2GBnaBJAFo1/s200/20200517_181724.jpg" width="150" /></a>J'avais déjà eu un aperçu de l'univers arctique grâce à la lecture de <i>Une vie de racontars</i> de Jorn Riel (auteur invité par ma librairie : un moment exceptionnel !). </div>
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Imaqa a donc retenu mon attention car je souhaitais prolonger ma découverte de la culture groenlandaise. Et puis, la couverture du livre est juste magnifique. J'ai beau dire que j'aime les couvertures sobres, celle-ci m'a attirée comme un aimant. Plantons le décor rapidement : Martin, instituteur danois, qui vit un moment de creux dans sa vie personnelle, demande sa mutation pour le Groenland et choisit volontairement un comptoir isolé , Nunaqarfik (oui, parce que même au Groenland, il y a des centres et des périphéries, pour reprendre un concept qui faisait florès du temps de mes années estudiantines). L'histoire se passe au début des années 70, cela a son importance pour comprendre la nature des relations dano-groenlandaises. Bien prévenu qu'il ne doit s'adresser à ses élèves qu'en danois, Martin se rend vite compte de l'ineptie de cette demande. Curieux de la culture des autres, doué pour les langues, l'instituteur a tôt fait d'apprendre quelques rudiments de Groenlandais et la connaissance progressive de la langue va lui permettre de mieux comprendre le mode de pensée des habitants de la petite bourgade.</div>
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Je ne suis pas linguiste mais ce rapport entre les deux m'intéresse beaucoup : est-ce que la langue façonne la manière de penser ou est-ce l'inverse ? Pour y réfléchir, un indice : la locution "parce que" n'existe pas en Groenlandais, nous révèle l'auteur. On lui préfère "Imaqa" : "peut-être"...</div>
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L'autre grand intérêt de ce livre réside dans son éclairage sur les risques d'acculturation des Groenlandais menacés par diverses formes de colonisation moderne : la consommation de nourritures non chassées ou non pêchées, l'introduction de produits jusque-là inconnus et qui se révèlent vite indispensables (le papier toilette...), l'exploitation de ressources minières par une société étrangère et bien sûr l'école où le Danois est de mise et où les manuels scolaires relaient le modèle culturel de l'Etat tutélaire. Est-ce que les choses ont évolué depuis l'autonomie renforcée accordée au Groenland en 2009 ? Je pense que je vais aller lire un peu de ce côté pour en apprendre davantage.<br />
Pour en revenir à Imaqa, les amateurs de nature arctique y trouveront leur compte puisque le roman contient son lot de montagnes enneigées, de lacs gelés et bien sûr, de périples en traîneau.<br />
Enfin, le roman est teinté d'une forme d'humour qui n'est pas sans me rappeler le ton que pouvait prendre parfois un autre auteur scandinave, Arto Paasilinna et si vous lui devez, comme moi, de bons moments de lecture, vous tirerez sans doute profit de la lecture de ce roman. Enfin, "imaqa"...</div>
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<br /></div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-75298983097367274312020-04-17T22:30:00.000+02:002020-05-17T21:41:25.489+02:00Quand j'ai cru au désamour entre la lecture et moi...alors qu'il n'en était rien !<div style="text-align: justify;">
<i>Alors que nous sommes tous dans le "grand confinement", la chronique qui s'affiche sur ce blog depuis des mois m'adresse un sacré pied de nez... "La grande escapade" ne peut-être que dans nos têtes en ce moment.</i></div>
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<i>La lecture, et tant pis si c'est un truisme de le dire, est bien sûr propice à l'évasion. Pourtant, il arrive que ça ne matche pas. Il y a quelques mois, j'ai cru au désamour entre la lecture et moi. Impossible de tenir plus d'une cinquantaine de pages un roman, rien qui ne me donnait envie de veiller tard dans la nuit. J'ai commencé à sérieusement douter de recouvrer un jour le goût des livres car la pile des abandonnés enflait à vue d'oeil sur ma table de chevet. Je n'ai pas toujours eu un rapport fusionnel avec la lecture. Je l'ai même délaissée à certains moments de ma vie mais je n'étais pas du genre à entamer des livres pour les laisser en plan. Que se passait-il donc ? Il est vrai que j'avais fini par céder aux sirènes des séries disponibles moyennant un abonnement car vient un moment où le décalage se fait étrangement sentir dans les conversations à la cantine et qu'il faut faire quelque chose pour y remédier...</i></div>
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<i>Cependant, à bien y réfléchir, la cause ne résidait pas dans cette (raisonnable) concurrence audiovisuelle. J'ai toujours su trouver du temps pour lire, souvent au détriment de mon sommeil... Je pense maintenant qu'il ne s'agissait pas d'un désamour mais d'un malentendu, sans doute lié à une forme de snobisme de ma part. Toutes les lectures ne doivent pas être exigeantes intellectuellement ou émotionnellement car on n'est pas toujours en mesure de les absorber ou de donner ce qu'elles requièrent : concentration voire analyse, force, détachement... Il faut parfois savoir réviser ses prétentions. Je n'emploierai pas le terme de lectures "faciles" mais simplement de lectures avec lesquelles on peut entrer en résonance. Pour ne pas avoir suffisamment cerné mon degré de résonance, j'ai laissé filer les semaines sans le plaisir de tourner les pages, d'accompagner des personnages dans leurs émotions et surtout de pouvoir en parler ensuite...</i></div>
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<i>Et puis, la magie a opéré de nouveau. Non, il n'y avait pas de désamour, pas de panne de lecture juste un malentendu qui ne remettait finalement rien en cause profondément. Ouf...</i></div>
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<i><br /></i></div>
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Et quand même depuis octobre, j'ai lu les romans suivants... Livres prêtés, relus, offerts, piochés dans ma PAL...<br />
<br />
<b>_ Propriété privée de Julia Deck </b><br />
<b><br /></b>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCs-Ai_G0nfCBmHDbz1q1QaJg9PI_8ltCieyNM88MRrjt_Grpl3OywYcVEziZLCUqAq3m37vfUJy00pqLyIucOCeOIYkd41tuK2rDoQoviu6U79PmR0BIzmqdlWbbXRI-UBQFyaip3m5ET/s1600/IMG-20200417-WA0014.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="900" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCs-Ai_G0nfCBmHDbz1q1QaJg9PI_8ltCieyNM88MRrjt_Grpl3OywYcVEziZLCUqAq3m37vfUJy00pqLyIucOCeOIYkd41tuK2rDoQoviu6U79PmR0BIzmqdlWbbXRI-UBQFyaip3m5ET/s200/IMG-20200417-WA0014.jpg" width="112" /></a>Quand un couple de bobos croient avoir tout bon en planifiant de bout en bout son projet immobilier et découvre une autre réalité... J'ai retrouvé la très efficace plume de Julia Deck découverte avec <i><a href="https://leschroniquesdepetitebalabolka.blogspot.com/2015/04/viviane-elisabeth-fauville-de-julia-deck.html" target="_blank">Viviane Elisabeth Fauville</a>.</i> Un roman encore une fois très maîtrisé.</div>
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<br /></div>
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<b>_ <i>Orléans</i> de Yann Moix</b></div>
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<br /></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBr0GKivX7yKwREeZZB6vHjJvjBRSLUnSN_Kg_aVPPPGEAhiZp_4Q6zVORJeVi0OKXRUS9jlBZzIJTuHvK1F3eOTiS1QU2TCL8IlgbZe2X0B35KSltM_RqZSpF-tSA6G4bnmlRjCrRgP_T/s1600/IMG-20200417-WA0013.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="900" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBr0GKivX7yKwREeZZB6vHjJvjBRSLUnSN_Kg_aVPPPGEAhiZp_4Q6zVORJeVi0OKXRUS9jlBZzIJTuHvK1F3eOTiS1QU2TCL8IlgbZe2X0B35KSltM_RqZSpF-tSA6G4bnmlRjCrRgP_T/s200/IMG-20200417-WA0013.jpg" width="112" /></a>Je suis incapable d'écrire sereinement sur un livre qui a fait l'objet d'une polémique. Cela crée une sorte d'épaisseur entre le livre et moi. Que puis-je en dire quand même ? Première découverte de la plume de cet auteur et j'ai plutôt apprécié. Cela ne me dérange pas que le vocabulaire soit recherché, la syntaxe travaillée. Chez certains romanciers, l'écriture est plus sobre, pour d'autres, plus sophistiquée. L'alternance des styles peut s'avérer très intéressante après tout. C'est un livre qu'on m'a prêté (merci Valérie !) et je ne peux pas le parcourir vu les circonstances mais je me rappelle avoir trouvé la toute première scène merveilleusement écrite. C'est une description sensible d'une école, d'une salle de classe, jusqu'à l'intérieur d'un pupitre avec les petits objets abandonnés par les générations précédentes, un vrai bijou...</div>
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<br /></div>
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<b>_ <i>Par les routes</i> de Sylvain Prudhomme</b></div>
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<br /></div>
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Découverte de cet auteur également. Ecriture plus sobre et sujet moins pesant que le précédent. Un vrai plaisir de lecture, de cheminer au fil des pages avec cet auto-stoppeur qui ne voyage que pour rencontrer des gens, parce que l'humain le passionne. Un livre doux, plein de sagesse et de poésie. </div>
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<br /></div>
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_ J'ai relu (merci Olivier !) <i><b>Souvenirs dormants</b></i><b> de Modiano</b>. Cet auteur m'embarque où il veut avec sa plume...j'ai l'impression d'être sous hypnose et de suivre la grande silhouette... J'ai déjà écrit <a href="https://leschroniquesdepetitebalabolka.blogspot.com/2014/12/dimanches-daout-de-patrick-modiano.html" target="_blank">quelques</a> <a href="https://leschroniquesdepetitebalabolka.blogspot.com/2015/04/un-pedigree-de-patrick-modiano.html" target="_blank">billets</a> sur des <a href="https://leschroniquesdepetitebalabolka.blogspot.com/2015/01/la-petite-bijou-de-patrick-modiano.html" target="_blank">ouvrages</a> de Modiano mais là, c'est mission impossible tellement ce roman est particulièrement modianesque. Oui, je sais, c'est une pirouette !</div>
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<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvkUk8BNUtzHuf6RtyqLJTj3B4f3u-r4EM9v2uoSlrlyV2SVMirQa8DiF2CqBP47PAeSTJ0K5WNI46uhJvaCvn2adsKg589JN5T3dbCpfDGqvGcMIW7RfXRVayVJG82aA_23lH2n-26oeV/s1600/DSC00682.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1600" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvkUk8BNUtzHuf6RtyqLJTj3B4f3u-r4EM9v2uoSlrlyV2SVMirQa8DiF2CqBP47PAeSTJ0K5WNI46uhJvaCvn2adsKg589JN5T3dbCpfDGqvGcMIW7RfXRVayVJG82aA_23lH2n-26oeV/s400/DSC00682.JPG" width="400" /></a></div>
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
On m'a offert (merci Françoise !) : </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>_ <i>La femme révélée</i> de Gaëlle Nohant.</b><br />
<br />
Je n'avais jamais lu de livre de cette auteure mais j'avais vu passer (sans trop les lire pour ne pas être influencée par la suite dans l'écriture d'un billet...) des critiques plutôt élogieuses. Comme je manque rarement une occasion, même en période de "malentendu de lectures" (je n'aime pas l'expression "panne") d'être bavarde à propos des livres, une collègue a repéré mon intérêt et me l'a offert ce qui m'a beaucoup touchée. Je consacrerai d'ailleurs à ce roman une chronique à part entière. Pour être plus rapide dans ce billet quelque peu récapitulatif, disons simplement que ce roman coche, selon moi, de nombreux centres d’intérêts : une écriture et une trame narrative maîtrisées, des univers bien campés : le Paris des années 50 et le Chicago de la fin des années 60. Se mêlent également deux échelles narratives, d'abord l'histoire intime d'une femme dont le choix de changer d'identité est source de dilemme, puis une histoire plus universelle, celle des luttes contre les ségrégations raciales aux Etats-Unis et contre la guerre du Vietnam. En filigrane, un Rolleiflex, dont l'argentique des photos sert de révélateur aux deux histoires.<br />
<br />
<b>_ <i>Meurtre à Montaigne</i> de Estelle Monbrun</b><br />
<br />
Je ne suis pas une grande férue de romans policiers mais j'aime bien le savant mélange que concocte <a href="https://leschroniquesdepetitebalabolka.blogspot.com/search/label/Monbrun%20Estelle" target="_blank">Estelle Monbrun</a> entre intrigue, univers d'un homme ou d'une femme de lettres et rivalités universitaires autour de son oeuvre. La plume de l'auteure est efficace pour mettre en scène ces différents microcosmes tout en distillant une petite dose d'humour. On retrouve avec plaisir le duo d'enquêteurs, le commissaire Jean-Pierre Foucheroux, désormais plus ou moins en retraite et son ex-adjointe, Leila Djemani, devenue commissaire également. Si ma dernière lecture d'Estelle Monbrun (<i>Meurtre chez Colette</i>) m'avait peu convaincue, il n'en va pas de même pour <i>Meurtre chez Montaigne</i> que je trouve pleinement maîtrisé et correspondant à son intention.<br />
<br />
J'ai pioché dans ma PAL :<br />
<b><br /></b>
<b>_ <i>Rouge brésil </i>de Jean-Christophe Rufin. </b><br />
<br />
Quel roman ! Prix Goncourt 2001, je comprends pourquoi... C'est magistral, romanesque, érudit, intelligent, réflexif et très très bien écrit. Je ne connaissais pas grand chose à l'histoire de la colonisation du Brésil et j'ignorais, pour être honnête, cette tentative française pour s'y établir. Un roman qui avec ses presque 600 pages a une telle envergure que je ne peux ici que l'esquisser. J'avais adoré <i><a href="https://leschroniquesdepetitebalabolka.blogspot.com/2017/07/le-tour-du-monde-du-roi-zibeline-de.html" target="_blank">Le tour du monde du roi Zibeline</a></i> qui se situe un peu dans la même veine, une grande fresque dont le matériau historique est habilement romancé et c'est mon libraire qui m'a conseillé <i>Rouge brésil. </i>Une pensée pour ma librairie, j'espère qu'elle va tenir et m'offrir à nouveau ses formidables rayonnages... Comptez sur moi !<br />
<br />
J'ai ressorti de ma PAL depuis le confinement toute cette pile...<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEZ5dJNTh7fz_PexbWcDTbmOyg8XGZe-G4yYudlWQzJrt3O-ugAzWU-cEEfVh0CyLkxOmiSMqyx51YAhahA18axrhoixkKPsniPulrl-OoiWytK4zzfkaPAQvnWqqMBAFC_u7nqWevsSzK/s1600/Snapchat-1611581407.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1384" data-original-width="720" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEZ5dJNTh7fz_PexbWcDTbmOyg8XGZe-G4yYudlWQzJrt3O-ugAzWU-cEEfVh0CyLkxOmiSMqyx51YAhahA18axrhoixkKPsniPulrl-OoiWytK4zzfkaPAQvnWqqMBAFC_u7nqWevsSzK/s320/Snapchat-1611581407.jpg" width="166" /></a></div>
<br />
...mais 4 semaines d'enseignement à distance, de récupération de travaux sous des formes diverses et variées ainsi qu'une avalanche de mails m'ont seulement permis de lire :<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCYce_0tLYMSJGb8F3-mSR3iXVEhNSdOx4exItALJV-AARmYa6s5-62RYkuJWcaBZX-9C_PtgcjZlbZ7vWCNTYtH2B_t1dudkelE8YlAYpo3-Dzr-U9mGA01mBl0s8X1pY5UtYkOQvqhYh/s1600/DSC00683.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1600" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCYce_0tLYMSJGb8F3-mSR3iXVEhNSdOx4exItALJV-AARmYa6s5-62RYkuJWcaBZX-9C_PtgcjZlbZ7vWCNTYtH2B_t1dudkelE8YlAYpo3-Dzr-U9mGA01mBl0s8X1pY5UtYkOQvqhYh/s320/DSC00683.JPG" width="320" /></a></div>
<br />
Et encore Imaqa, je ne l'ai pas terminé ! Quand je dis qu'il faut parfois revoir ses prétentions...<br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-91310746584267666572019-10-25T14:10:00.003+02:002019-10-25T14:14:54.008+02:00La grande escapade de Jean-Philippe Blondel<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-b_sCNT-Uc8DDcfqpsL8sR-xHYc7HQxKdw39MRU1xlhGqUt0fY6_WTCt1cD14VpWcWCGVp6cBA2qdjo7T7KYBCiwm4kMqR1oyEOv1oTkr-C2fJoplJv0WIEVWYt6v8Cl4VORiQODBxghd/s1600/20191025_133136.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-b_sCNT-Uc8DDcfqpsL8sR-xHYc7HQxKdw39MRU1xlhGqUt0fY6_WTCt1cD14VpWcWCGVp6cBA2qdjo7T7KYBCiwm4kMqR1oyEOv1oTkr-C2fJoplJv0WIEVWYt6v8Cl4VORiQODBxghd/s320/20191025_133136.jpg" width="240" /></a></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Enfant, je jouais très souvent
dans la cour de récréation de l’école. Elle jouxtait le jardin du logement de
fonction de mes parents, les instituteurs du village. Je n’avais qu’un pas à
faire pour profiter de ce vaste espace quand, la classe terminée, les élèves
rentraient chez eux. Cette cour ne comportait aucun équipement particulier,
aucun jeu (je parle d’une école rurale dans les années 70…) mais juste un énorme
tilleul dont il fallait « faire le tour en marchant sur ses racines sans
toucher le macadam ». Disposer ainsi de manière presque exclusive de l’espace
de l’école me donnait le sentiment d’un grand privilège. C’était d’ailleurs
bien le seul car, pour le reste, mes sœurs et moi, étions logées à la même
enseigne que les autres élèves. Il n’était pas question que l’on reproche à mes
parents le moindre favoritisme et nous le comprenions fort bien.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Cette longue introduction, assez
personnelle alors que je n’en ai pas l’habitude, pour expliquer à quel point ce
nouvel opus de Jean-Philippe Blondel a pu faire écho en moi. C’est la première
fois que je lis un roman contemporain dont le cadre se situe dans l’enceinte
même d’une école. Ici, il s’agit d’un grand groupe scolaire situé en ville avec
presque une dizaine d’institutrices et instituteurs, et autant de logements de
fonction, des appartements qui favorisent une forme de promiscuité. Différentes
familles d’enseignants (« les Goubert », « les Lorrain »…) y
vivent avec leurs enfants. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
C’est avec plaisir que j’ai
retrouvé la petite musique de Jean-Philippe Blondel. J’ai toujours des difficultés
pour définir avec précision son style alors que d’emblée, je le ressens. Il me
semble que cela procède d’une sorte d’imprégnation douce et discrète au fil des
pages et non sur le relief singulier d’un mot ou d’une phrase. Par exemple,
dans ce roman, il va systématiquement appeler chacun des personnages par son
prénom et son nom ce qui apporte un regard tantôt tendre tantôt cocasse mais en
tout cas toujours « enrobant » voire nostalgique sur les situations vécues.
Les prénoms de la génération des enfants nous plongent au cœur des années 70. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Ces enfants jouent ensemble dans
et en dehors de l’école, formant une bande dans laquelle les rôles sont parfois
redistribués, surtout à l’aube de l’adolescence où les personnalités s’affirment
et se redessinent. Il m’a semblé reconnaître l’auteur à travers le personnage
de Philippe Goubert, le fils de la directrice de l’école maternelle. Maladroit
et mal compris, il va heureusement bénéficier de l’enseignement d’un instituteur
qui pratique avec bonheur une pédagogie façon Freinet. Philippe Goubert y gagne
une assurance nouvelle et le goût de l’écriture.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
C’est une école en mutation que
donne à saisir Jean-Philippe Blondel. Devenue mixte depuis peu, dans la
mouvance de mai 1968, elle hésite encore entre, d’une part, un système ancien basé
sur une forme d’autoritarisme et une pédagogie descendante et, d’autre part,
des innovations inspirées de l’Education nouvelle rendant l’élève acteur de ses
apprentissages. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ce changement s’exprime
à travers l’antagonisme qui oppose Gérard Lorrain, le directeur de l’école
élémentaire et Charles Florimont, Freinetiste convaincu et passionné. Quelles que
soient les convictions des uns et des autres, et sans doute parce que je pratique
moi aussi ce métier avec des élèves un peu plus grands, j’ai ressenti une
profonde tendresse pour tous ces enseignants qui exerçaient dans une société en
pleine transformation. J’ai compris leurs doutes, leurs hésitations, j’ai souri
de leurs enthousiasmes. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Dans ce roman, les adultes
eux-mêmes semblent en questionnement, en bascule entre des tensions contradictoires.
On perçoit le poids de l’usure sur ces couples mariés sans doute assez tôt, on
comprend particulièrement la fatigue de ces institutrices-mères de famille-épouses
à une époque où le partage des tâches n’allait pas de soi. Ces adultes dans la
quarantaine, étouffent sans doute un peu, coincés dans leur école et leurs logements
de fonction, sous les regards obliques des uns et des autres. Quelles aspirations profondes sont-ils obligés de taire ? <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
Jean-Philippe Blondel a su montrer avec finesse ces transitions, ces transformations à venir,
celles des enfants qui entrent dans l’adolescence, celle de l’Ecole qui doit
faire sa mue à l’image de la société et celles des adultes au mi-temps de leur
vie. Entourant ces personnages d'une tonalité douce et singulière, l'auteur nous propose ici un roman très réussi que je recommande particulièrement.<o:p></o:p></div>
<br />Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-30236179900446470222019-08-12T10:23:00.001+02:002019-08-12T10:28:52.924+02:00La crue de Amy Hassinger<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFWFSGhKy1TovQWLUcINGOfYvRB0C9Hm_19b6RPWp7LPaj3Jnz8tSxyl_ec8YPfyhy_LRkKrF4nVFTUkYIL_zOeSAaYsybyp2FDO15H4HWmPGGrb2If_i5Nw2vBi7siyGglBX6v6Bj1M3K/s1600/DSC00464.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFWFSGhKy1TovQWLUcINGOfYvRB0C9Hm_19b6RPWp7LPaj3Jnz8tSxyl_ec8YPfyhy_LRkKrF4nVFTUkYIL_zOeSAaYsybyp2FDO15H4HWmPGGrb2If_i5Nw2vBi7siyGglBX6v6Bj1M3K/s320/DSC00464.JPG" width="240" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Couverture magnifique, grain très agréable de la couverture<br />
et des pages, typographie originale, je découvre avec plaisir cette maison<br />
d'édition, "Rue de l'échiquier".</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<i>La crue</i>, roman de Amy Hassinger, à l'édition soignée (grain du papier, choix typographiques...) traduit de l'Américain par Brice Matthieussent se déroule pour l'essentiel dans le Wisconsin. Grands espaces, rivières à poissons, lac et forêts, c'est un livre qui fait respirer à pleins poumons même si une histoire de barrage vient quelque peu entraver le cours naturel des choses. Le matériau narratif de ce roman est particulièrement riche car il fonctionne en quelque sorte par strates. La strate personnelle est centrée sur l'histoire de Rachel Clayborne, jeune femme dans la trentaine, universitaire et récemment maman qui fait le douloureux constat de se retrouver embarquée dans une vie qu'elle n'a pas choisie. Le portrait psychologique est finement brossé et j'ai apprécié que l'auteure sache rendre compte de la complexité des sentiments ressentis, notamment ceux concernant la maternité. A priori, Rachel a tout pour être heureuse et pourtant, elle étouffe. </div>
<div style="text-align: justify;">
La deuxième strate est plus globale. Elle fait intervenir les dépossessions de terres dont ont été victimes les Amérindiens, en l’occurrence la tribu des Ojibwés. Pour réparer, à sa mesure, ce préjudice, une vieille dame malade, Maddy Clayborne (la grand-mère de Rachel) a pris la décision de léguer sa propriété à son infirmière, Diane Bishop, originaire de cette tribu. Mais voilà, qu'après plusieurs années d'absence, Rachel réalise son attachement à cette maison, la Ferme, où enfant, elle se sentait pleinement en phase avec la nature, avec elle-même, grandissait, prenait de l'assurance, bref promettait de devenir une adulte accomplie et épanouie... Encore une fois, l'auteure, Amy Hassinger, va très bien rendre le conflit intérieur de Maddy, tiraillée entre son souci de justice et la prise en compte des sentiments de sa petite-fille.<br />
Enfin, l'autre strate, est d'approche environnementale. Elle permet de prendre la mesure des dégâts engendrés par certains barrages (dont la production électrique nous est présentée presque comme quantité négligeable) sur les écosystèmes des rivières, notamment sur les poissons marins (gaspareaux, aloses et esturgeons) qui ont besoin d'en remonter le cours et qui, de fait, sont sacrément contrariés par ces murs de béton sur leur chemin. Je suis assez inculte dans ce domaine et j'ai apprécié d'en apprendre plus à l'occasion de cette lecture. Le chapitre (ou plutôt "le livre" car le roman est subdivisé en 5 livres) qui évoque cette problématique, mise en lumière par un certain nombre d'associations est celui, à mon sens, où l'écriture est la plus travaillée car j'avoue une légère déception de ce côté. Non pas que ce soit mal écrit mais bon, je m'attendais à quelque chose de plus soutenu sur l'ensemble du roman.<br />
Autre bémol, j'ai trouvé que le roman comportait quelques longueurs. J'aurais apprécié que l'intensité de l'histoire se dégage un peu plus vite. Mais ce ressenti vient peut-être des habitudes de lecture que j'ai prises en évitant de plus en plus souvent les pavés.<br />
Cependant, ce qui m'a semblé le plus réussi dans ce roman, ce sont les parallèles que l'on ne peut s'empêcher de faire sur les effets d'une nature par trop contenue, les aspirations profondes mais étouffées d'une personne ou le tracé autrefois sauvage d'une rivière, canalisé à grands renforts d'ouvrages anthropiques. Peut-on, sans risques, brider, dompter ce qui ne demandait qu'à être impétueux ou pour le moins, naturel ?</div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-30459146973400078522019-07-16T16:00:00.000+02:002019-07-16T16:06:20.201+02:00Ce qui nous revient de Corinne Royer<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsj0JvKmqZM_NVie8knCFrP07ZTHLhQcXinMH7BG0UcHUkvTPbSnDyL0QQGC8mlHyfIgybjCjF_3tAIKtwfogdomrnYqv5zE265Sgq90-VE1zQVybWCc-AZUAPqVKVWl5QaekhlDqxsWwA/s1600/DSC00462.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsj0JvKmqZM_NVie8knCFrP07ZTHLhQcXinMH7BG0UcHUkvTPbSnDyL0QQGC8mlHyfIgybjCjF_3tAIKtwfogdomrnYqv5zE265Sgq90-VE1zQVybWCc-AZUAPqVKVWl5QaekhlDqxsWwA/s320/DSC00462.JPG" width="240" /></a></div>
L'effet Matilda, vous connaissez ?<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
On doit cette expression à Margaret W. Rossiter, historienne des sciences, qui a choisi le prénom d'une militante féministe du XIXème siècle, Matilda Joslyn Gage. Il s'agit de la dépossession dont sont parfois victimes les femmes scientifiques lorsque le bénéfice de leurs découvertes est attribué à leurs collègues masculins. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Dans <i>Ce qui nous revient</i>, Corinne Royer s'empare de l'effet Matilda comme ressort narratif principal puisqu'elle tisse son roman autour de la controverse liée à la découverte du chromosome surnuméraire de la trisomie 21, découverte française de la fin des années 50 dont le mérite a été attribué à Jérôme Lejeune et Raymond Turpin, reléguant à une part auxiliaire Marthe Gautier. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Corinne Royer dont je découvre la très belle plume avec ce roman tisse deux histoires, l'une réelle, autour de cette controverse scientifique donc et l'autre, fictionnelle où elle invente une famille fantasque et baroque avec un père, Nikolaï Gorki, slave à souhait, obnubilé par Cocteau et faussaire à ses heures, une mère, Elena Paredes, soprano, solaire, forcément fascinante et une petite fille, Louisa, à la curiosité scientifique débordante. La joyeuse tribu vit de maisons en maisons (souvent "de maître" tant qu'à faire...), avec un sens tout personnel de l'occupation, c'est-à-dire illégal mais respectueux voire poétique. Mais un jour, Elena qui devait s'absenter pour un récital de trois jours ne revient pas et Nikolaï est bien obligé d'expliquer à Luisa que sa mère est en réalité partie pour subir une IVG, décidée en couple, pour cause de chromosome surnuméraire.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Jusqu'à peu près la moitié du roman, j'ai eu l'impression qu'il me manquait un petit quelque chose pour que j'accroche vraiment. Il m'a semblé qu'on restait un peu à la périphérie des deux histoires. Il me tardait de connaître le ressenti psychologique d'Elena et celui de Marthe, de savoir ce que la cantatrice était devenue et de comprendre comment le crédit de sa découverte avait autant pu échapper à Marthe. </div>
<div style="text-align: justify;">
Les choses finissent par se mettre en place progressivement avec quelques improbabilités pour lier les deux histoires qui ne m'ont pas dérangée plus que ça (tout doit-il être probable dans un roman ?). Le style est remarquable de maîtrise dans des registres divers, narratif, scientifique et même onirique. Le vocabulaire assume sa rareté voire son érudition. Comme je viens de lire des livres "très écrits" (pour reprendre une expression de mon libraire), ce choix m'a parfaitement convenu.<br />
<br />
Je ne voudrais pas dévoiler plus avant le roman mais soulignons aussi qu'il invite à découvrir avec un autre regard la trisomie 21, à la considérer comme quelque chose en plus et non quelque chose en moins et moi qui suis la tata d'un ado avec un chromosome un peu spécial, j'en ai été très très émue.</div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-46326173768301268332019-06-16T10:18:00.002+02:002019-06-16T11:18:43.585+02:00Par-delà nos corps de Bérengère Cournut<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyjhvdYb185yKEWg5mOH3mSbFd2LDU1F8BVrOTCO1zyK3ZQU0wbnmBlFMFiNn6IAa-71OmbK64WuCim9yMXf3SM7oTGcQngJVmTexu-ux0TVbFzBMqgZBYt4FQs79uBl4GtM3PFn0papUF/s1600/DSC00458.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1600" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyjhvdYb185yKEWg5mOH3mSbFd2LDU1F8BVrOTCO1zyK3ZQU0wbnmBlFMFiNn6IAa-71OmbK64WuCim9yMXf3SM7oTGcQngJVmTexu-ux0TVbFzBMqgZBYt4FQs79uBl4GtM3PFn0papUF/s320/DSC00458.JPG" width="320" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
Quelle jolie idée de faire se répondre deux personnages à travers deux livres ! Cette idée, nous la devons à deux auteurs, Bérengère Cournut et Pierre Cendors, avec la complicité de leur maison d'édition, Le Tripode (je suis fan de leurs couvertures mates au grain si doux).</div>
<div style="text-align: justify;">
Bérengère Cournut dont j'avais déjà apprécié la plume avec <a href="https://leschroniquesdepetitebalabolka.blogspot.com/2017/07/nee-contente-oraibi-de-berengere-cournut.html" target="_blank"><i>Née contente à Oraibi</i></a> nous propose ici la réponse épistolaire à <i><a href="https://leschroniquesdepetitebalabolka.blogspot.com/2018/07/quand-jessaie-de-parler-de-mes-lectures.html" target="_blank">Minuit en mon silence </a></i>de Pierre Cendors.<br />
<br />
A l'aube d'une guerre nouvelle (1939...), Else répond avec 25 ans de retard à la longue lettre que lui a adressée Werner alors que celui-ci était mobilisé au sein des troupes allemandes sur le front d'une guerre qu'on pensait pourtant être la dernière. Werner et Else, c'est le trouble d'un amour impossible, d'une rencontre suspendue dans le temps, le temps de la paix avant le déluge de fer et d'acier.<br />
<br />
A la vision idéalisée et quelque peu évanescente que l'officier et poète avait faite d'elle, Else superpose un autre portrait, nourri des influences marines de son enfance bretonne et de sa sensibilité en tant que femme, mère mais aussi journaliste. Un portrait d'une grande finesse, un miroir intime et sincère, servi par une écriture sublime. C'est la même veine poétique qui coule dans les deux livres mais elle prend des modulations différentes. Là où Werner convoquait Orphée, Else puise ou sonde la force des éléments, l'Océan, la Terre, la Forêt. J'avais entrepris de les décrire plus longuement, notamment les magnifiques passages sur la maternité mais je pense qu'il appartient à chacun de les ressentir. En effet, il n'y a sans doute rien de plus personnel que la lecture d'un texte poétique, c'est un peu comme une lettre que l'auteur adresserait à son lecteur, créant de fait une intimité. Alors si vous avez envie d'être le destinataire de cette lettre, vous n'avez plus qu'à saisir dans votre librairie ce livre à la présentation soignée.<br />
<br /></div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-30850692485549301082019-06-05T15:52:00.001+02:002019-06-05T15:54:09.064+02:00Une chambre en Hollande de Pierre Bergounioux<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLMNnP6SQT5t-VMoqSLlmxK3SUi30XC5JUhPDA9EBrffWYLdvBEZ1fETzJnNg2_LJ4kSHjA97z3W3HxZMl1U0d5EcHUl752EmfcKplIY2cdTTNmaulybcrcKvtXi0gmTpfnRrKBzcHXRTh/s1600/DSC00452.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLMNnP6SQT5t-VMoqSLlmxK3SUi30XC5JUhPDA9EBrffWYLdvBEZ1fETzJnNg2_LJ4kSHjA97z3W3HxZMl1U0d5EcHUl752EmfcKplIY2cdTTNmaulybcrcKvtXi0gmTpfnRrKBzcHXRTh/s320/DSC00452.JPG" width="240" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
56 pages assez époustouflantes, il faut bien le dire !</div>
<div style="text-align: justify;">
Dans un style à la maîtrise impeccable, Pierre Bergounioux entreprend de nous expliquer pourquoi René Descartes, tourangeau d'origine, s'est attelé à la rédaction de son fameux <i>Discours de la méthode</i> depuis les Provinces-Unies, Pays-Bas de son époque. Ce faisant, l'auteur balaie plusieurs siècles d'Histoire en remontant depuis les temps gallo-romains jusqu'au XVIIème siècle donc, avec une virtuosité, une érudition et une hauteur de vue remarquables.</div>
<div style="text-align: justify;">
Il retrace le parcours de Descartes et ses errements à travers une Europe belliqueuse (dans laquelle il prit sa part) avant de se fixer en Hollande (qui apparaît alors comme une terre de désolation... empêchant tout distraction de l'esprit) pour se consacrer exclusivement à l'étude (mathématiques, philosophie...) et y apporter le fruit de son génie polyvalent. </div>
<div style="text-align: justify;">
Tout ceci est expliqué avec beaucoup d'intelligence et éclairé par les apports de ses prédécesseurs et successeurs (notamment Francis Bacon et Baruch Spinoza). Les références, nombreuses, ne se limitent pas au champ de la philosophie, on fera au passage un petit tour par la littérature (citons, entre autres, Montaigne, Cervantès) et l'Histoire (Braudel, of course...). Une fresque talentueuse de la pensée condensée en moins de 100 pages, un petit livre magistral !</div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-72679923995428078692019-06-03T18:53:00.000+02:002019-06-03T18:53:52.266+02:00Si tu passes la rivière de Geneviève Damas<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpc3S91udgNo51bS4hcHhqxrgdWQ8-qXOaWOEzWxYJdaSgpI7rMa2ajsZA668l1PQ8Zo1U3TZ92AcZfs4goca8eguSL_OA1JEYX0T-8IwFB-GDWPK6L1oh4DF4RB3ZH6xI-m4d3chg5K9h/s1600/20190602_165812_.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgpc3S91udgNo51bS4hcHhqxrgdWQ8-qXOaWOEzWxYJdaSgpI7rMa2ajsZA668l1PQ8Zo1U3TZ92AcZfs4goca8eguSL_OA1JEYX0T-8IwFB-GDWPK6L1oh4DF4RB3ZH6xI-m4d3chg5K9h/s320/20190602_165812_.jpg" width="240" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<span id="goog_2028982736"></span><span id="goog_2028982737"></span>Franchir la rivière, c'est l'interdit formel prononcé par le père, un homme bourru dont on ne conteste pas les ordres. C'est l'interdit qu'a pourtant bravé Maryse, la fille aînée laissant derrière elle, le petit frère, "Fifi", pour qui elle était l'unique source de tendresse et d'attention. Il est le narrateur de cette histoire et, à l'entendre, on l'imagine encore dans le temps de l'enfance alors qu'il n'en est rien. Fifi, François n'a pas les mots pour poser les questions qui le taraudent : pourquoi sa sœur s'est-elle enfuie de la ferme et surtout, qui était la mère qu'il n'a pas connue ? </div>
<div style="text-align: justify;">
Geneviève Damas parvient à nous rendre ce phrasé simple des gens à qui on n'a jamais vraiment parlé, qu'on a laissé dans l'ignorance des mots, des lettres et qui ne peuvent s'enfuir car la peur les étreint. Pourtant, l'obstination est là, têtue, qui cherche ses réponses malgré les non-dits car on ne peut indéfiniment vivre sans mots.<br />
Je découvre la plume de cette auteure belge avec ce court roman, lu d'une traite et je dois remercier Latina de la communauté babeliote pour cet excellent moment de lecture. </div>
<div style="text-align: justify;">
Ce qui m'a semblé particulièrement réussi d'un point de vue stylistique dans ce livre, c'est le parallèle entre la progressivité du langage acquis et l'émancipation de Fifi. émancipation qui passe par une réassurance sur ses origines (ou pour le moins, une "connaissance") tant il est vrai qu'il est difficile de voler en-dehors du nid si on ignore quelle patience, quelle douce attention ont permis de le construire.<br />
Dans un format relativement court, Geneviève Damas explore, d'une plume habile, différentes pistes qui nourrissent sa trame narrative : c'est particulièrement efficace et réussi !</div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-49125385673283992842019-06-02T14:57:00.000+02:002019-06-02T15:00:50.652+02:00Miette de Pierre Bergounioux<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjo8ccAm9dbPIDkDYiliUUbSZrgg6oSM5Msw2H5zQLlFKTK3GQ7-q2D1i3xevGwenHXwJs-sTb9crhtR2mRu2zcvwZK3gSusqy31FcFfczD5uNWYFPvoGBABWIiTN4SoaAbvD2H3iy_j0pj/s1600/DSC00451.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjo8ccAm9dbPIDkDYiliUUbSZrgg6oSM5Msw2H5zQLlFKTK3GQ7-q2D1i3xevGwenHXwJs-sTb9crhtR2mRu2zcvwZK3gSusqy31FcFfczD5uNWYFPvoGBABWIiTN4SoaAbvD2H3iy_j0pj/s320/DSC00451.JPG" width="240" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
Quand mon libraire emploie le superlatif, en général je ne me pose pas trop de questions et j'embarque le livre, je sais qu'il n'en abuse pas. </div>
<div style="text-align: justify;">
Dès les premières lignes, je comprends que ma lecture ne sera ni légère ni détendue. Le format relativement court du livre tient d'emblée ses promesses de densité. Je suis déconcertée par le style, certes très beau, mais qui nécessite de placer ses repères entre deux replis de la phrase tels des fanaux. Peu à peu, je m'habitue, je comprends que je dois trouver mon rythme dans ses phrases travaillées, entrecoupées dont le vocabulaire est choisi avec soin. J'ai le sentiment d'entrer dans une forêt, les branches s'écartent peu à peu mais elle garde son mystère et son aspect intimidant. </div>
<div style="text-align: justify;">
Si la métaphore forestière me vient à l'esprit, c'est parce qu'il est justement question de forêt dans ce livre. Baptiste, fils aîné de Miette (diminutif de Marie) sur qui pèse tout le poids du devoir, a entrepris d'enrésiner le sol granitique et ingrat de la propriété familiale, travail d'une vie qu'il accomplit seul avec toute la fureur dont il est capable lorsqu'il est mis au défi de perpétuer le cours immuable des choses. </div>
<div style="text-align: justify;">
C'est ce cadre puissant et austère, ce plateau du Limousin, une lande tapissée d'ajoncs et de bruyères qui est le premier personnage de ce roman : un paysage qui impose sa loi d'airain à ceux qui en sont les héritiers même si cet héritage est inéquitable, loi successorale d'un autre temps marquée par la primogéniture masculine et le droit d'aînesse. Aux cadets, le droit d'aller voir ailleurs, pour un temps, mais le devoir de revenir à moins que ce ne soit de l'ordre de la conviction profonde qu'il n'y a pas d'autre chez-soi que cette terre hostile qui façonne les caractères.</div>
<div style="text-align: justify;">
Un roman où la psychologie des personnages (la mère, Miette, figure tutélaire, image d'abnégation, la fratrie, Lucie, Baptiste, Octavie et Adrien, aux liens élastiques) se construit à travers le regard du narrateur (l'auteur ? le gendre de Baptiste ?) qui habite désormais la maison désertée et ne pose la main sur les lourds outils que pour leur donner un tour artistique. Un roman où tout n'est pas dit mais, à bien y réfléchir, le contraire serait ennuyeux, un style quelque peu exigeant dont les ellipses narratives permettent de saisir l'essentiel, l'âpreté des vies, entre force et résignation, l'ancrage et la jubilation, sans doute fugace, de dompter un décor sauvage et de perpétuer des gestes qu'on pensait invincibles. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-90292069703433947772019-05-18T20:07:00.000+02:002019-05-18T20:23:33.866+02:00Le vent reprend ses tours de Sylvie Germain<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhH_Id9AY0B6tclTHtcgcHqezNqiiE09zeFmJqCSfsV_Cnt2Dy5x66Rpr3mk6f7HQrQ9CAMTDrTGdIU-tZolYMMWk4fEKEhAxEJb4Ct99qLyeqT9HFNLIGhEoL54zdcaiM2pBN_kfjhBVAe/s1600/DSC00450.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhH_Id9AY0B6tclTHtcgcHqezNqiiE09zeFmJqCSfsV_Cnt2Dy5x66Rpr3mk6f7HQrQ9CAMTDrTGdIU-tZolYMMWk4fEKEhAxEJb4Ct99qLyeqT9HFNLIGhEoL54zdcaiM2pBN_kfjhBVAe/s320/DSC00450.JPG" width="240" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
Je pourrais lire Sylvie Germain rien que pour la beauté de son écriture. Des phrases qui me donnent envie de lire à voix haute, des mots choisis avec une telle justesse que j'en reste béate et me demande "mais c'est juste parfait ce passage, comment fait-elle pour trouver les mots qui conviennent exactement ?"</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Ce n'est pas le premier roman que je lis d'elle, je n'ai jamais osé en chroniquer un seul car je me sens d'une maladresse terrible pour rendre compte non seulement de la finesse de son écriture mais aussi de l'intelligence de son propos. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Lire un livre de Sylvie Germain, c'est entrer en subtilité. Avec son écriture discrète, poétique qui par moment tutoie le fantastique, Sylvie Germain nous emmène sur les pas de Nathan et Gavril et sur un chemin réflexif des plus intéressants.</div>
<div style="text-align: justify;">
Gavril (forme populaire de "Gabriel") est un saltimbanque, un amoureux des mots et de la vie, marcheur et déambulateur, musicien-poète (il joue de "l'olifantastique" et du "poèmophone"), un merveilleux personnage de roman en tout cas. Nathan le rencontre par hasard, un jour de grand ennui, un jour ordinaire en fait pour ce garçon timide et bègue, à qui l'on s'adresse peu, même pas sa mère pour qui il est transparent et encombrant. Gavril, une figure fantasque et bienveillante qui extirpe Nathan de sa morosité, lui redonne l'assurance et l'affection dont il était privé. Mais Gavril a disparu et Nathan, devenu adulte, a repris sa vie mécanique et insipide.<br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
A travers cette histoire d’amitié entre le poète et l'enfant, Sylvie Germain tisse des pistes de réflexion que chacun investira en fonction de sa sensibilité : de quoi se construit un individu ? quelle place la littérature, la poésie et plus généralement le langage ont-ils dans cette construction ? Comment être présent à soi-même quand on n'a pas été regardé ?<br />
<br />
Un roman intelligent et fin servi par une écriture à la musicalité délicate, un très beau moment de lecture. </div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-86246261375726103362019-04-28T11:00:00.000+02:002019-04-28T11:55:27.784+02:00Une femme en contre-jour de Gaëlle Josse<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheNGsqNa1Nunp4hF3_ieB0eZvOIU9Xeq-323YMmvEtbxAkA55PxMfLlmIMeuug_q_X-WmZ7AXhjEPYT3fSiK0me6JDf9UKuiVr7gbSfWyJJtZX8wTB1zqBi5ueIVggV1w2TumB7Zh2PSHM/s1600/DSC00429.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheNGsqNa1Nunp4hF3_ieB0eZvOIU9Xeq-323YMmvEtbxAkA55PxMfLlmIMeuug_q_X-WmZ7AXhjEPYT3fSiK0me6JDf9UKuiVr7gbSfWyJJtZX8wTB1zqBi5ueIVggV1w2TumB7Zh2PSHM/s320/DSC00429.JPG" width="240" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
C'est un portrait d'une grande finesse que nous propose Gaëlle Josse avec ce nouvel opus. Comme toujours avec cette auteure, l'écriture est incroyablement juste, le ton est sobre mais intime et sincère ; les mots, choisis sans ostentation inutile, nous ravissent par leur force et leur équilibre. </div>
<div style="text-align: justify;">
Cette femme en contre-jour est Vivian Maier, une photographe que l'on qualifie d'amateur car elle ne vivait pas de son art, n'ayant rien cherché à exposer de son vivant, malgré des milliers de clichés pris dans les rues de New York ou de Chicago.</div>
<div style="text-align: justify;">
Gaëlle Josse tente d’éclairer cette personnalité complexe, restée dans l'ombre toute sa vie et dont le talent n'a été découvert qu'à la faveur d'une vente aux enchères d'un lot de photographies oubliées.</div>
<div style="text-align: justify;">
Ce récit biographique est un miroir tendu vers Vivian mais dont les reflets éclairent aussi une part d'elle-même, de son écriture. En se reconnaissant dans l'intention créatrice de la photographe, Gaëlle Josse nous livre, avec une sensibilité rare, ce qui nourrit cet écho.</div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-81570424761860780022019-04-22T12:12:00.001+02:002019-04-22T12:17:39.660+02:00A la ligne de Joseph Ponthus<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-IUzXWJSGxv24trls__ZUV7vFxkVZalcbdBY4PZDWAcoQB2w4CYctXEFWPBz68VGWLbfHifbG0Gwyo4MiCWPQL95s06myUfCfk5X3t21lvNlX5qPKKGFC_ZTh7ja4xRjbgxt2BDlNNHM8/s1600/DSC00404.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-IUzXWJSGxv24trls__ZUV7vFxkVZalcbdBY4PZDWAcoQB2w4CYctXEFWPBz68VGWLbfHifbG0Gwyo4MiCWPQL95s06myUfCfk5X3t21lvNlX5qPKKGFC_ZTh7ja4xRjbgxt2BDlNNHM8/s320/DSC00404.JPG" width="240" /></a></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Je t’ai lu d’une traite<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Aspirée par ta cadence<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
A la ligne<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
La lectrice<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Page après page<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Vissée à ta prose<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
De ces <i>Feuillets d’usine</i><o:p></o:p></div>
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J’ai pensé en te lisant<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<i><a href="https://leschroniquesdepetitebalabolka.blogspot.com/2016/07/le-grand-marin-de-catherine-poulain.html" target="_blank">Le grand marin</a></i> de Catherine Poulain<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Tu proposes tes parallèles littéraires<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Je choisis les miens<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Tu as mis en symbiose<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Ta forme sans point<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Et ton lancinant<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Épuisant<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Labeur qui se répète<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Qui distend les heures<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
La ligne de tes mots qui égrènent<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Crevettes bulots qui défilent<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
La ligne toujours la ligne<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Puis les carcasses<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Plus dur encore<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Embauché dans l’agro<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Confiés aux bons soins de l’intérimaire<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Précaire temporaire salaire<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Chanter penser <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Agir tenir écrire<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Convoquer ce que tu peux<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Amour littérature<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Camaraderie<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Comme au temps de la Guerre</div>
<div class="MsoNormal">
La Grande<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Convoquer la poésie<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Et nous donner tant...<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Merci à <a href="http://delphine-olympe.blogspot.com/2019/04/a-la-ligne.html" target="_blank">Delphine-Olympe</a> pour cette très belle découverte.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<br />Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-15249282552598486532019-04-15T10:00:00.000+02:002019-04-15T10:39:41.300+02:00Le Rituel des dunes de Jean-Marie Blas de Roblès<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwF15puiZ5wZdg2QnTemafdvbfw5PQRwrgCNx-N3qaiZvKvMvg8dU4jN_rHRZ0YJgZHtjDJvsZpSP2zwzINWLx52zsThDcIBDivDhV18wrUwQrqxyRJpBljpJaUxt808ExwdvctzpV2PdW/s1600/20190214_112818_006.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwF15puiZ5wZdg2QnTemafdvbfw5PQRwrgCNx-N3qaiZvKvMvg8dU4jN_rHRZ0YJgZHtjDJvsZpSP2zwzINWLx52zsThDcIBDivDhV18wrUwQrqxyRJpBljpJaUxt808ExwdvctzpV2PdW/s320/20190214_112818_006.jpg" width="240" /></a></div>
J'ai failli passer à côté de ce livre et je réalise à quel point cela aurait été dommage. Je le sais pourtant, car je n'en suis pas à mon premier roman de cet auteur, que son imaginaire foisonnant, ses nombreuses références culturelles et son inventivité narrative, requièrent de la part du lecteur, des disponibilités d'esprit et de temps, toutes conditions qui n'étaient pas particulièrement réunies lorsque j'ai commencé sa lecture. Mais heureusement, il n'est pas interdit d'en relire certains passages.</div>
<div style="text-align: justify;">
Dans <i>Le Rituel des dunes</i>, l'auteur nous propose de suivre le récit d'un certain Roetgen qui se remémore, non sans nostalgie ou plutôt avec une pointe de culpabilité, sa liaison avec Beverly alors qu'ils étaient tous deux employés en tant qu'experts linguistes dans un institut à Tientsin en Chine, au cours des années 80. Plus âgée que Roetgen, l'Américaine a déjà vécu mille aventures, connu des situations sordides et "pris des décisions importantes". Son brin de folie n'est pas sans susciter une forme de fascination chez le jeune homme qui, fraîchement débarqué du Brésil, peine à trouver ses marques dans ce nouveau microcosme.<br />
<i>Le Rituel des dunes</i> est un roman aux entrées narratives multiples car au récit de la liaison entre les deux linguistes, s’ajoutent toutes les histoires, les différents contes que Roetgen invente pour distraire et apaiser Beverly. Ces histoires s'insèrent dans le roman, un peu comme des nouvelles de taille variable et en constituent en fait la trame principale. J'avoue que j'ai mis un certain temps avant de le comprendre car j'en attendais davantage de l'autre histoire, celle entre les deux personnages et c'est ce qui explique que j'ai failli passer à côté.<br />
Il faut dire que l'auteur nous sollicite tous azimuts car il nous propose aussi de suivre un roman d'espionnage mais en pointillés (un chapitre sur deux !). Les lecteurs de l'auteur y trouveront également une subtile allusion à la nouvelle <i><a href="https://leschroniquesdepetitebalabolka.blogspot.com/2015/02/la-memoire-de-riz-de-jean-marie-blas-de_23.html" target="_blank">La Mémoire de riz</a></i>.<br />
Un peu décontenancée au départ, j'ai donc fini par trouver moi aussi mes marques avec ce roman dont la qualité d'écriture est remarquable.</div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-67106691523980116102019-01-06T17:51:00.000+01:002019-01-06T17:53:41.608+01:00Chien-Loup de Serge Joncour<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEglcZbD0ZaCKf4FYeknwPjPmBNXf3HLiZ8XLZK7E9SeTSkgE_Gw_ZVHzBnxJPv9FFqIy7ZEUx9ggXVhW1Db7zqeJA9hgR1fqRRwnfecF-0NZLLs_p9fAHGAg87D9pzBFbfXEM7ABlCcNXcE/s1600/DSC00210.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEglcZbD0ZaCKf4FYeknwPjPmBNXf3HLiZ8XLZK7E9SeTSkgE_Gw_ZVHzBnxJPv9FFqIy7ZEUx9ggXVhW1Db7zqeJA9hgR1fqRRwnfecF-0NZLLs_p9fAHGAg87D9pzBFbfXEM7ABlCcNXcE/s320/DSC00210.JPG" width="240" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Valérie, merci de m'avoir prêté ce magnifique<br />
livre qui m'a permis de découvrir la plume de Serge Joncour</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
Eté 1914, le village d'Orcières-le-Bas, comme tous les villages de France, s'apprête à basculer dans la guerre. Ici, dans ce coin du Lot, on est loin du front mais la guerre, c'est d'abord les hommes qu'il faut remplacer dans les champs, sans tarder, car la moisson est là qui exige son travail harassant. Alors, on s'organise, on garde les enfants comme on peut et on s'y met avec des outils trop lourds, inadaptés. On supplée les hommes mais aussi les bêtes, bien souvent réquisitionnées. On n'ose pas penser à son inquiétude. De toute façon, on tombe de fatigue le soir en rentrant. Et puis on comprend qu'après cette récolte, il faudra poursuivre encore et encore ce labeur harassant car on n'en a pas fini avec cette guerre. Alors, quand un dompteur allemand demande au maire l'autorisation de mettre à l'abri ses fauves tout en haut du mont d'Orcières, ce mont qui fait peur aux villageois, le maire se dit qu'au moins, ça fera un homme valide.</div>
<div style="text-align: justify;">
Un siècle plus tard, Lise, une ancienne actrice à la recherche d'un lieu de vacances sans aucun réseau tombe sur une annonce de location, un gîte, quelque part sur un causse du Quercy. Après avoir vaincu la réticence de son mari, Franck, un producteur de cinéma, qui vit constamment dans un environnement professionnel connecté, le couple s'installe dans cette maisonnette rustique, posée comme un îlot dans un paysage immense, sauvage et somptueux (merveilleusement bien décrit par l'auteur) avec pour seule compagnie, une sorte de molosse qui tient presque autant du loup que du chien. </div>
<div style="text-align: justify;">
Voici le contexte de ces deux histoires qui n'ont, a priori, rien à voir ensemble et que Serge Joncour va habilement mener, en alternant les chapitres, mais pas seulement comme deux fusées parallèles dont on pressent qu'elles vont, à un moment donné, se rejoindre mais bien comme deux trames narratives dont les porosités, réflexives, sont tissées de manière subtile. Lise, comme Joséphine un siècle plus tôt (je vous laisse découvrir ce très beau portrait de femme) est en quête d'elle-même. A quelles violences nouvelles le monde contemporain expose-t-il ? Ce roman, imprégné de la figure fascinante et magistrale des lions, de celle, plus secrète, des loups, questionne différentes formes de prédation, celles de l'animal, immuables, naturelles et celles de l'Homme, bien plus pernicieuses. </div>
<div style="text-align: justify;">
J'ai découvert la plume de Serge Joncour avec ce roman et autant dire que je vais m'empresser d'aller lire ses autres ouvrages car, grâce à lui, j'ai mis fin à une sorte de panne de lecture qui commençait à m'inquiéter. En retrouvant ce livre chaque soir, je me suis rappelée pourquoi j'aime lire, pourquoi j'y consacre une bonne partie de mon temps libre, souvent au détriment de mon sommeil mais qu'importe, j'ai eu de l'empathie pour ces paysannes qui ployaient sous le harnais, je me suis émue de la sensualité de Joséphine et de la délicatesse de Lise, j'ai été impressionnée par les biceps du dompteur, j'ai eu peur des lions et du molosse, j'ai visualisé dans les moindres détails ce paysage grandiose, j'ai réfléchi sur le sens de beaucoup de choses, j'ai fait des suppositions sur le dénouement et j'ai été surprise, j'ai tourné les pages avidement puis j'ai lu les dernières très lentement afin de les économiser et bien sûr, après, j'ai continué à penser à ce roman et à me réjouir de ce que je pourrais en dire car pour moi, c'est tout cela la lecture, à la fois la perspective motivante d'ouvrir un bon livre, la jubilation de le découvrir avec la farandole de sentiments et de réflexion que cela convoque mais aussi le plaisir d'en parler, de partager un peu de ce "hors-temps" si singulier et bien souvent renouvelé. </div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-82922428143670510882018-10-21T18:14:00.001+02:002018-10-21T23:01:28.846+02:00Là où les chiens aboient par la queue de Estelle-Sarah Bulle<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMHlSYQ6xw66p1Zh-vDgjLMNr8HkeJeJn-iSDWJDkf9KDN-BMLUN1X3j2CeERNGhPJuckC_KjheObG8oj5jq4_3EpdUM5d5FlTZUrXIDHwLfN-hajIqim7v240XYL8YYKd3wrRHNGRYM7J/s1600/20180916_160647.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMHlSYQ6xw66p1Zh-vDgjLMNr8HkeJeJn-iSDWJDkf9KDN-BMLUN1X3j2CeERNGhPJuckC_KjheObG8oj5jq4_3EpdUM5d5FlTZUrXIDHwLfN-hajIqim7v240XYL8YYKd3wrRHNGRYM7J/s320/20180916_160647.jpg" width="240" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Et j'ai même aimé la couverture, moi qui d'ordinaire<br />
suis une inconditionnelle du papier mat...</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
J'ai tout aimé dans ce livre. Que ce soit la qualité de l'écriture, les personnages, le choix narratif, l'ambition de mêler subtilement l'histoire familiale à celle plus large de la Guadeloupe et de ses liens avec la métropole, l'ensemble me semble parfaitement maîtrisé, ce qui est assez remarquable pour un premier roman.</div>
<div style="text-align: justify;">
Depuis la lecture de ce livre, j'en ai commencé 3, 4 autres sans ressentir cette harmonie et je crois qu'il me faut les mettre en attente, le temps que s'estompe cette sensation.</div>
<div style="text-align: justify;">
Ceci posé, détaillons quelque peu...</div>
<div style="text-align: justify;">
L'écriture est belle et fluide. Je fais toujours attention pour qualifier de "fluide" une écriture car on pourrait penser qu'elle est facile à lire parce que sans relief. Ce n'est pas du tout le cas ici, sa fluidité n'empêche pas un travail certain sur le choix du vocabulaire et la syntaxe. J'aime les romans bien écrits tout comme j'aime les personnages et là, autant dire que ce premier roman d'Estelle-Sarah Bulle donne matière ! L'auteure a puisé son inspiration dans sa propre famille. Elle-même fait partie des personnages convoqués dans cette galerie de portraits. Elle est "la nièce" qui a recueilli les confidences de ses deux tantes, la tante Antoine (oui, c'est bien ce prénom dont l'usage épicène est plutôt rare), l’aînée de la fratrie au physique et au caractère impressionnants puis la tante Lucinde, sa cadette de deux ans et son opposé ou presque sur bien des points. Le roman est construit sur une structure narrative chorale où tour à tour s'expriment Antoine, Lucinde et Petit-Frère (ainsi nommé toute sa vie par ses deux sœurs... c'est le père de l'auteure). Chacun apporte son éclairage sur les événements familiaux et le décalage entre ces différentes voix s'avère particulièrement savoureux. </div>
<div style="text-align: justify;">
L'histoire familiale est propice au romanesque (ou bien romancée mais peu importe...) Je vous laisse découvrir la rencontre entre le bouillonnant Hilaire Ezechiel et la jeune Eulalie Lebecq, originaire d'une famille de Blancs-Matignon des Grands Fonds, ce sont les parents de la fratrie. Une histoire si romanesque donc que l'auteure aurait pu choisir de circonscrire le roman à ce matériau mais elle décide de le porter à une échelle plus large, ambitieuse même. En effet, Estelle-Sarah Bulle nous propose d'analyser les évolutions de la Guadeloupe depuis les années 40 et de comprendre, par là-même, les raisons du départ de nombreux Antillais<span style="background-color: white; color: #2a2f30; font-family: "roboto" , sans-serif; font-size: 16px;"> </span>pour la métropole, décision que vont prendre Lucinde, Petit-Frère et même Antoine. </div>
<div style="text-align: justify;">
Le roman imbrique l'intimité de l'histoire familiale qui se ramifie en parcours individuels caractérisés par des tempéraments forts, par moment tiraillés par des questions identitaires car la fratrie est métisse et l'histoire, plus universelle, des poussés au départ, à l'exil avec son corollaire d'adaptation et de confrontation au racisme. Si Antoine choisit de recréer son univers autour de sa boutique en plein Paris ("<i>Je sais qu'Antoine appartient aux centres-villes houleux et constamment éveillés</i>"), Petit-Frère, quant à lui, trouve sa place en banlieue ("C<i>ette banlieue que tu hésites à aimer ou détester a été notre place, l'endroit de l'oubli et de l'indifférence. Une indifférence libératrice</i>."). A chacun son substrat et c'est donc à Créteil que l'auteure voit le jour.</div>
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: justify;">
"<i>Notre ville, à l'orée de Paris, était le grand maelström de la classe moyenne, où la diversité des vies était happée par le courant uniformisateur du "vivre-ensemble". Dans ce grand fourre-tout, les Antillais étaient une minorité parmi d'autres et les enfants métis une rareté. "Métis" était d'ailleurs un mot à peine utilisé. J'avais le sentiment d'une transgression les rares fois où je me déclarais comme telle, à l'école, auprès de mes amis, dans la rue.</i>"</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Pour reprendre ce terme si littéraire de maelström, j'ai envie de conclure en ajoutant que, selon moi, Estelle-Sarah Bulle a su parfaitement maîtriser ce maelström d'histoires dont elle est dépositaire, les déployer à différentes échelles, personnelles, familiales et guadeloupéenne ; elle a su questionner les ancrages successifs, choisis ou contraints, de l'île papillon jusqu'à la métropole, pour nous livrer un roman sincère et émouvant, une quête identitaire certes mais qui laisse de la place au lecteur et nous invite même à cheminer avec elle et aux côtés de toute sa famille.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-7037085164743335202018-10-07T22:45:00.000+02:002018-10-07T23:29:45.590+02:00Le grand secret de René Barjavel<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixrZ1JeZUTdLzgVi-6zbwWzT6p0RrNmF4b9BUfjerh-T_4FO1uHyDjCkslXGB5JEgAzMTUnQmYccQJQ74W2OcDrRxkhJbssNJB4ZbLxXMRZacq0ljT75kaddi0RAbGMKhHiXMKefRj6Nyj/s1600/20181007_173946.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixrZ1JeZUTdLzgVi-6zbwWzT6p0RrNmF4b9BUfjerh-T_4FO1uHyDjCkslXGB5JEgAzMTUnQmYccQJQ74W2OcDrRxkhJbssNJB4ZbLxXMRZacq0ljT75kaddi0RAbGMKhHiXMKefRj6Nyj/s320/20181007_173946.jpg" width="240" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Merci à O. Essai transformé !</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
En effet, grand est ce secret, immense même, et je m'en voudrais de le révéler alors que l'auteur réussit à le préserver pendant plus d'une centaine de pages. Avec <i>Le grand secret</i>, je poursuis ma prudente découverte de la science-fiction et je suis tout aussi conquise que lors de ma lecture de <i>La nuit des temps</i>. Est-ce la plume de l'auteur ? Il me faudra bien entendu explorer plus avant pour savoir si ce genre littéraire que j'ai jusque là complètement négligé voire dédaigné me convient en tant que lectrice. </div>
<div style="text-align: justify;">
Publié en 1973, <i>Le grand secret</i> est postérieur à <i>La nuit des temps</i>. J'y ai retrouvé avec bonheur cette attention si délicate et si naturelle qu'a Barjavel pour décrire l'harmonie absolue dans un couple, pour dire l'amour quand il s'impose comme une évidence. </div>
<div style="text-align: justify;">
Autre point commun, les deux livres décrivent chacun une société coupée du temps ou d'un espace géographique accessible, qui se présente comme idéale ou a le projet de l'être mais qui révèle peu à peu ses failles. On retrouve bien entendu la veine de l'utopie étroitement associée au genre de la science-fiction mais dans les deux livres que j'ai lus, ces sociétés utopiques sont sérieusement bancales et je me demande si on peut déjà parler de dystopie ? </div>
<div style="text-align: justify;">
Par contre ce qui fait la particularité du Grand secret, c'est l'habileté avec laquelle Barjavel a introduit des personnages historiques, Nehru, Khrouchtchev, De Gaulle, Kennedy et d'autres encore pour apporter un éclairage nouveau, compréhensible à l'aune du grand secret, sur des événements bien connus de la Guerre froide. C'est sans doute pour cette raison que ce roman est souvent qualifié de roman uchronique. Mais là encore, je m'interroge. Les événements ici ne sont pas réellement modifiés : ils se déroulent comme l'Histoire nous les a fait connaître. L'assassinat de Kennedy a bien lieu ; Etats-Unis et URSS rivalisent dans la course à la conquête spatiale. Barjavel ne modifie pas les faits, il joue sur les causalités. Peut-on parler d'uchronie dans ce cas ? Je ne pensais pas que l'acception pouvait être aussi large...<br />
Mais quels que soient les ressorts littéraires à l'oeuvre dans ce Grand secret et que je peine à analyser car je ne suis pas spécialiste, cette nouvelle incursion dans l'univers de la science-fiction m'a apporté le cocktail émotion, intrigue, réflexion et j'ai adoré lire l'ouvrage dans une édition de 1988, m'imaginant tous ceux qui avaient tourné les pages pour découvrir au même endroit que moi le grand secret...</div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-32689511033197995652018-09-16T18:00:00.001+02:002018-09-16T21:45:26.030+02:00Mon cœur à l'étroit de Marie NDiaye<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMVTiQQMFQz7gyzBJOWw6ekUeENbGb_NWHN8cXUAGcrxxjAdkVHfUkYj5npFcp0qn4dytMjgOXtoDz3cyD-6wjsj3xAG64KkwqjZIamzyiK-s_J24lfs0kRsPj_kmNAWoR2Rrs9xNKowsa/s1600/20180916_161216.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMVTiQQMFQz7gyzBJOWw6ekUeENbGb_NWHN8cXUAGcrxxjAdkVHfUkYj5npFcp0qn4dytMjgOXtoDz3cyD-6wjsj3xAG64KkwqjZIamzyiK-s_J24lfs0kRsPj_kmNAWoR2Rrs9xNKowsa/s320/20180916_161216.jpg" width="240" /></a></div>
Rarement un livre m'aura laissé aussi perplexe. Sa lecture dont je ne saurais dire si elle m'a plu ou pas s'est étalée sur un temps élastique. D'abord lentement, péniblement tant il me mettait moi aussi le cœur à l'étroit, puis à l'abandon pendant de longs mois, attendant que je m'aguerrisse avec des lectures encore plus âpres ou que je sois capable de mettre la distance nécessaire entre lui et moi, je l'ai repris assez avidement, à mon grand étonnement. Mais ce qui n'en finit pas de me laisser perplexe, c'est que ce livre n'a jamais vraiment promis d'être agréable ou facile à lire. Il ne coule pas comme du miel. Sa lecture produit exactement l'effet recherché par son auteur dont le talent n'est plus à démontrer. Dès lors, il me semble que je ne peux pas reprocher à ce livre d'être loyal à son intention. Je trouve même assez courageux de la part de l'auteur de ne pas avoir cherché à écrire un livre plaisant. </div>
<div style="text-align: justify;">
Une lecture, donc, qui perturbe, intrigue et met mal à l'aise. On a du mal à saisir le sens de cette histoire tout en symboles. Nadia et son mari Ange, respectables instituteurs vivant leur métier comme un sacerdoce sont en proie à l'opprobre de toute la ville. Pourquoi un tel acharnement qui tourne à l'agression sur la personne d'Ange ? Ce que perçoit Nadia est-il réalité ou délire paranoïaque ? Rapidement, le couple est confiné dans son appartement bordelais, visité et soigné exclusivement par un voisin qui leur impose sa présence envahissante, les engraissant de mets toujours plus riches. Cependant, dans la succession des faits anormaux qui se produisent, c'est bien Nadia, la narratrice qui est en cause. Elle comprend qu'elle doit partir mais un épais brouillard envahit la ville et modifie tous les repères... Ceux du lecteur le sont également. Vaillamment, il doit tenter d'interpréter les signaux placés ici et là comme des fanaux dans l'étrangeté d'un texte rédigé d'une plume habile, façonnée au ciseau. Une lecture exigeante, sans confort, sans douceur, mais qui sait donner du grain à moudre, un matériau pour réfléchir et ressentir. </div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-78423964125755255562018-08-13T18:03:00.001+02:002018-08-13T18:08:19.026+02:00Scherbius (et moi) de Antoine Bello<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4M4fCKTAO0NSV5O97Dg8KMK8aQ2c4W2Gjo-K0psjcnGIHIzO0VF4ob3mZU0JqQZQV92Y5ZU8X4X27y_Y5mu8Uk4mGc-NqRP5j4X9HU51JllvuWEslS2_W-1QisFevKbEciIdexUg0AnYa/s1600/DSC00062.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4M4fCKTAO0NSV5O97Dg8KMK8aQ2c4W2Gjo-K0psjcnGIHIzO0VF4ob3mZU0JqQZQV92Y5ZU8X4X27y_Y5mu8Uk4mGc-NqRP5j4X9HU51JllvuWEslS2_W-1QisFevKbEciIdexUg0AnYa/s320/DSC00062.JPG" width="240" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Un bandeau fort bien choisi pour <br />
ce nouvel opus d'Antoine Bello</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
Je me suis régalée. Oui, je sais bien que j'avais commencé ma chronique de <i><a href="https://leschroniquesdepetitebalabolka.blogspot.com/2016/10/ada-de-antoine-bello.html" target="_blank">Ada</a></i> de la même manière mais j'ai retrouvé la plume et l'inventivité de cet auteur avec autant de délectation et peut-être même davantage !</div>
<div style="text-align: justify;">
Avec le dernier Bello, vous n'aurez pas un mais six romans. Six éditions de Scherbius (chacune a sa page de garde insérée), rédigées par son psychiatre, Maxime Le Verrier entre 1978 et 2004. Le tout agrémenté par de savoureuses notes de bas de page. Autant dire que le jeu des entrées narratives est complexe et s'avère délicieux pour le lecteur qui apprécie les constructions un peu subtiles (cela m'a rappelé <i>La caverne des idées</i> de Somoza). </div>
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Alexandre Scherbius est le patient de Maxime Le Verrier. Lorsqu'il frappe à sa porte en 1977, ce dernier perçoit assez vite l'aubaine que va représenter ce cas dans sa jeune carrière. En effet, tout comme les cas d'hystérie avaient fait la renommée de Charcot, figure principale de l'Ecole de la Salpêtrière, Maxime pose assez vite un diagnostic de TPM (trouble de la personnalité multiple) et acquiert une notoriété quasi immédiate après la première édition de son livre, profitant de la publicité que des œuvres telles que <i>The three faces of Eve, </i>film sorti en 1957 ou <i>Sybil, </i>roman biographique publié<i> </i>en 1973, ont pu donner, outre-Atlantique, à cette pathologie, au point de l'intégrer en 1980 dans le fameux DSM-III (<i>Diagnostic and statistical manual of mental disorders</i>).</div>
<div style="text-align: justify;">
Antoine Bello, par le biais de la plume de Maxime le Verrier (qui voue une admiration à "ses maîtres de la Salpêtrière") trouve le moyen de nous proposer une fort intéressante histoire des TPM, rappelant les oppositions entre Pierre Janet, partisan du recours à l'hypnose et Freud, la délaissant (et la discréditant quelque peu au passage) car il la trouve trop limitée dans ses possibilités thérapeutiques. Tout ceci est bien plus savamment détaillé et expliqué que je ne saurais le faire et si, comme moi, vous aimez apprendre au détour de votre lecture, vous irez sans doute consulter quelques pages Wikipédia ou d'autres sources pour en apprendre davantage.<br />
Mais revenons à Scherbius. Il ne se laisse pas si facilement découvrir comme en témoignent les différentes éditions qui tentent de le cerner. Est-il un imposteur ? un menteur pathologique ? un escroc surdoué pour le camouflage et doué d'une mémoire prodigieuse ? Considère-t-il qu'il n'y a d'intérêt dans la vie que si l'on peut jouer tous les personnages ? Et si la littérature, experte en personnages, s'invitait dans l'affaire ?<br />
Roman ingénieux, bien écrit et bien construit, donnant à divertir autant qu'à s'instruire et à réfléchir, une lecture que je recommande vivement. </div>
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<br /></div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-70930971726294634482018-08-12T18:03:00.003+02:002018-08-12T18:07:07.994+02:00Règne animal de Jean-Baptiste Del Amo<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5_eKtu1YtQymT3bxk2CxYDQS7FWRzagWTghicSMLnc4FuEuSpnfkEWPMN_D6xkNezRd4W927VBe5rrcYvR_8pmwRxOROZmVruiEAr9ccB2FKQBSEOtJN0t0KR-5eKXZcCoBit8anr6762/s1600/DSC00063.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5_eKtu1YtQymT3bxk2CxYDQS7FWRzagWTghicSMLnc4FuEuSpnfkEWPMN_D6xkNezRd4W927VBe5rrcYvR_8pmwRxOROZmVruiEAr9ccB2FKQBSEOtJN0t0KR-5eKXZcCoBit8anr6762/s320/DSC00063.JPG" width="240" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
Si l'histoire d'une exploitation agricole qui se déploie sur presque un siècle et 4 générations peut vous intéresser, alors commencez à repérer ce livre. Mais attention, n'imaginez pas avoir à faire à un pittoresque roman de terroir. </div>
<div style="text-align: justify;">
Si le rapport des hommes aux bêtes vous interpelle quelque peu, même sans être militant, simplement pour voir comment on peut l'aborder en littérature, alors approchez de ce livre. Mais je préfère mettre en garde, ce rapport est montré sous les formes de violence les plus crues, longuement décrites, avec minutie, avec obstination par l'auteur. Sa plume donne à voir et à sentir : sang, déjections, castrations, rien ne sera occulté ou le moins du monde édulcoré. Alors si vous n'avez pas peur d'avoir le cœur au bord des lèvres, continuez d'approcher. D'une économie rurale où les bêtes ont toujours fait partie du quotidien de la ferme, l'exploitation se mue en porcherie au productivisme le plus acharné, entraînant dans sa quête frénétique, la folie des hommes. A moins que la folie n'ait toujours été là, du temps de l'aïeule déjà ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Si vous avez surmonté la nausée qui peut naître à la lecture de certains passages, vous avez cependant fait la rencontre avec des personnages singuliers dont la psychologie est décrite avec finesse. Vous avez mesuré la force de caractère d’Éléonore, jaugé son amour pour Marcel, "gueule cassée" par la guerre, vous avez frémi de l’opiniâtreté d'Henri, le fils, obsédé par ce verrat énorme, ce champion qui s'échappe dans une fuite qui devient métaphorique et vous avez compris la différence et la poésie de Jérôme, l'arrière petit-fils, le fils de l'oncle...</div>
<div style="text-align: justify;">
Vous avez aussi fait la connaissance avec l'un des styles les plus travaillés, les plus puissants qu'il m'ait été donné de lire en littérature contemporaine. L'incipit où les personnages sont tour à tour présentés par un jeu d'ombres projetées sur les murs d'une modeste cuisine de ferme de la fin du XIXème, est un petit bijou, tout comme la description du vieux banc où le père s’assoit tous les soirs pour fumer sa pipe et méditer sur sa journée. Car c'est cela la plume de Jean-Baptiste Del Amo : il a les mots et ce talent inouï pour tout faire ressentir, tout évoquer, le sordide, l'abject, la folie des hommes mais aussi leurs poésies secrètes, leurs sentiments indicibles et leurs forces profondes. </div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-78824456081493454622018-07-23T17:05:00.002+02:002018-07-23T19:37:16.328+02:00Bakhita de Véronique Olmi<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZv5T0DCbq5_Q88d4-vkgAjQMZguZqs66gfzqn43YKZpRChB_DsVgm2GWORFTS-tXN5guV16me62oVmX-dhmDzWleZTrl0iQGTKos54iQ5gzI0fI0c4o21Upyb21SFvr1xcX4RowVf1Iwi/s1600/DSC00059.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZv5T0DCbq5_Q88d4-vkgAjQMZguZqs66gfzqn43YKZpRChB_DsVgm2GWORFTS-tXN5guV16me62oVmX-dhmDzWleZTrl0iQGTKos54iQ5gzI0fI0c4o21Upyb21SFvr1xcX4RowVf1Iwi/s320/DSC00059.JPG" width="240" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Merci à ma "Topine" pour ce très beau cadeau...</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
La photo de couverture ne dit rien de son enfance dévastée et pourtant, elle le fut.</div>
<div style="text-align: justify;">
Capturée à 7 ans dans son village du Darfour, Bakhita va rejoindre les caravanes d'esclaves, silhouettes hébétées par les coups et les privations, abandonnées dans le désert quand elles n'ont plus la force de se traîner. Mais la fillette tient bon, puise la force de survivre dans son amitié pour une petite captive comme elle et parvient jusqu'à El Obeid, où elles sont vendues pour servir de domestiques-esclaves aux deux filles du maître. </div>
<div style="text-align: justify;">
Souvent choisie pour sa beauté, Bakhita qui signifie "la chanceuse" a t-elle un sort plus enviable que les autres esclaves non affectés au service de la maison ? Difficile à croire tant les humiliations, les coups peuvent pleuvoir également, la laissant des semaines durant incapable de se lever. Elle change de maître, va d'une cruauté à l'autre jusqu'à sa rencontre avec le consul italien de Khartoum. </div>
<div style="text-align: justify;">
C'est en Italie que celle qui a oublié jusqu'à son véritable prénom choisira pour la première fois de dire "non", non à la soumission, à l'arbitraire. Un autre destin l'attend qui fera d'elle, à 24 ans, en 1893, une religieuse Canossienne, "sœur Guiseppina Bakhita", plus souvent appelée par les gens du peuple, la "Madre Moretta", canonisée par Jean-Paul II en 2000.</div>
<div style="text-align: justify;">
Un parcours qui a très tôt fasciné puisque, dès 1910, on lui demande de raconter encore et encore son "histoire merveilleuse" et en 1931, paraît la <i>storia meravigliosa. </i>C'est ce témoignage, ce matériau que Véronique Olmi (dont je découvre avec intérêt la plume) a travaillé, en plus de différentes recherches, pour aboutir à ce roman magnifique qui ne cache rien de la dureté de l'esclavage (les premières pages sont tellement insoutenables que j'ai failli renoncer). En lisant <i>Bakhita</i>, je ne me suis pas préoccupée de connaître la part d'authenticité dans l'histoire que nous propose l'auteur. Bien sûr, comme beaucoup de lecteurs je pense, j'ai cherché des photographies de Bakhita et je l'ai découverte avec sa coiffe si singulière de Canossienne. Mais la part de fiction, de romanesque ne m'a posé aucune difficulté car je l'ai trouvé parfaitement intégrée. En revanche et c'est pour cette raison que je lis assez peu de biographies, je me suis demandée si j'allais réussir à trouver ma place entre l'auteur et son personnage. En effet, le lien peut être si fort que l'on se sent en quelque sorte exclu mais il n'en est rien ici. Véronique Olmi arrive à retenir sa plume juste ce qu'il faut pour donner une respiration au lecteur. Son écriture est en harmonie avec le personnage car elle sait lui donner une forme de modestie, de pudeur et de respect sans pour autant que soient atténuées la détermination et la foi profonde de Bakhita. Son destin hors du commun n'avait pas besoin d'un excès de lyrisme et de pathos et c'est avec une très belle maîtrise de ton que Véronique Olmi nous propose de la découvrir. </div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-41720254623081584182018-07-20T15:16:00.000+02:002018-07-20T15:22:11.249+02:00L'Archipel du Chien de Philippe Claudel<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiIZ9Oss_8AGi4Bz-EzQBOO9NYiGuYzMfJbQ-qACmp7Yp5xuCE7ENOBWisRwqFUxmu6pcHT3kd_yxPoGMw5E1cmw1FYL0KYoaJ0PMPMA6VRu6_NDShw9tVRCNPQob5BI8D6EZ6u-6syXvGY/s1600/DSC00058.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiIZ9Oss_8AGi4Bz-EzQBOO9NYiGuYzMfJbQ-qACmp7Yp5xuCE7ENOBWisRwqFUxmu6pcHT3kd_yxPoGMw5E1cmw1FYL0KYoaJ0PMPMA6VRu6_NDShw9tVRCNPQob5BI8D6EZ6u-6syXvGY/s400/DSC00058.JPG" width="300" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Moi qui apprécie en général les couvertures sobres, je trouve <br />
que celle-ci est des plus réussies. On la doit à Lucille Clerc.</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
C'est une petite société bien symbolique qui est réunie ce jour là sur une plage de l'île de l'Archipel du chien. Le Maire, le docteur, le curé, deux ouvriers, la Vieille et l'instituteur encerclent trois corps échoués, trois jeunes hommes africains rejetés par la mer. Aucun papier pour leur donner une identité, une existence, alors, dans un pragmatisme froid, le Maire décide de ne rien dire, de les confier au gouffre du volcan. Il impose le silence à tous, arguant que les investisseurs pourraient renoncer au projet des thermes si important pour le devenir de l'île si l’affaire venait à se savoir et de toute façon, "ce-n'est-pas-comme-si-on-était-responsable-de-ce-qui-s'est-passé-n'est-ce-pas" ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Mais peut-on en toute impunité se détourner à ce point de la misère humaine, celle qui pousse les hommes et femmes à fuir et à s'en remettre à l'arbitraire de passeurs avides ? </div>
<div style="text-align: justify;">
Avec une écriture fluide rehaussée d'un vocabulaire toujours pertinent, Philippe Claudel propose de s'interroger à l'aune d'une micro-société sur de nombreux ressorts humains, individuels ou collectifs, entre lâcheté, résignation, manipulation, violence mais aussi, pour ne pas céder à toute cette noirceur, de ménager une petite voix ténue, discordante qui propose de rétablir vérité et dignité.</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-75403697302929654142018-07-19T17:43:00.001+02:002018-07-19T17:48:13.539+02:00My absolute darling de Gabriel Tallent<div style="text-align: justify;">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkruFP332zB_2ofCzPcvks7-NCZ8m9MgzN85HJYnlnZTJIh7PC8GB_2eeI6mQUgZHdEu-XMmJnmEQDW4HlSLOTBlQHF7Nvzx3WxcNlaxDAS2vYDCxzk4pYyW0EP0eey5ADQDkAhC-wjbMm/s1600/DSC00057.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkruFP332zB_2ofCzPcvks7-NCZ8m9MgzN85HJYnlnZTJIh7PC8GB_2eeI6mQUgZHdEu-XMmJnmEQDW4HlSLOTBlQHF7Nvzx3WxcNlaxDAS2vYDCxzk4pYyW0EP0eey5ADQDkAhC-wjbMm/s320/DSC00057.JPG" width="240" /></a></div>
Un titre un peu bling-bling à mon goût, une couverture colorée et un bandeau avec superlatif avaient d'abord agi sur moi comme un repoussoir malgré la discrète incitation de ma libraire. Cependant, un peu plus tard, alors que je flânais entre les rayons sans but précis, j'ai saisi les bribes d'une conversation entre mon libraire (un autre_même si libraire est un mot épicène, vous aurez saisi la différence du possessif) et une lectrice complètement conquise par ce livre. Leur propos était tellement dithyrambique que j'ai donc fait fi de mes préjugés sur la combinaison titre et couverture et j'ai embarqué ce premier roman de Gabriel Tallent, non sans avoir glané quelques précisions supplémentaires ("il a mis 8 ans pour l'écrire").<br />
D'emblée, j'aurais aimé adhérer à la critique enthousiaste que j'avais entendue mais je dois dire que, dans un premier temps, la pauvreté du style dans les passages dialogués m'a gênée. Alors que j'étais en cours de lecture de ce roman, un autre passage à la librairie a donné à peu près ce genre de conversation :<br />
- Moi : Comment dire ? Franchement, les "p..ain" et "co...asse", toutes les 2 lignes, c'est un peu lourd à force, je trouve. Il me semble qu'on avait déjà bien compris le côté grossier du père, même si bien entendu, il a une personnalité complexe... Par contre, quand l'auteur évoque la nature sauvage de ce coin de Californie que ce soit dans la partie forestière ou océanique, quelle richesse de style ! C'est à la fois précis, documenté et poétique.<br />
- Mon libraire : mais ce contraste est voulu. C'est pour mieux qu'on saisisse la différence entre son environnement familial où elle est confinée avec ce père menaçant qui est pourtant sa seule référence et l'extérieur immense, ouvert sur tous les possibles.<br />
- Moi (légèrement vexée en mon for intérieur de ne pas avoir déduit ça toute seule) : certes, mais ne trouvez-vous pas que ce livre ne peut être que "fort" étant donné la situation de la principale protagoniste, une adolescente abusée, maltraitée, sous l'emprise d'un père érudit, manipulateur et violent ?<br />
- Mon libraire : oui, mais l'auteur réussit à en parler sans pathos. Et puis, il montre à quel point il est compliqué pour Julia de s'affranchir.<br />
- Moi : oui, je suis d'accord, le dilemme est très bien rendu. On sent qu'elle chemine pourtant vers sa libération mais le père lui fait vivre un tel ascenseur émotionnel...<br />
- Mon libraire : oui et tant qu'elle n'a pas d'autres références, et en ce sens, la rencontre avec les garçons est décisive, elle ne peut y arriver.<br />
Après cette conversation, j'ai poursuivi ma lecture. La suite du roman avec moins de passages dialogués m'a moins gênée aux entournures côté style (même si j'avais bien intégré le côté voulu...). J'ai lu certaines phrases le cœur au bord des lèvres, pressée d'en finir avec les passages les plus pénibles mais avec une volonté de plus en plus irrépressible que l'héroïne s'en sorte, retrouve le droit de s'appeler Julia et non plus "Turtle" ou ce stupide "Croquette", surnom dont son père use et abuse... Finalement, ce qui m'a le plus étonnée en lisant ce livre, c'est l'incroyable transfert d’énergie qu'il opère. On se sent devenir forte et puissante en même temps qu'elle.<br />
Et je m'aperçois que je ne suis pas loin d'utiliser le superlatif du bandeau que j'avais pourtant épinglé au début de ce billet...<br />
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Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-34123662232304382722018-07-11T19:34:00.002+02:002018-09-30T23:58:35.664+02:00Quand j'essaie de parler de mes lectures après plusieurs semaines...voire plusieurs mois /2<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCubxYcqdmMAbY4smLtlriyVksocCiSgCDKZ5ljDnNe6D5T_RZBZsDKtQ-TRyqRPh9yZ6u_oNQN0chqswD9zK3nSDJMerYPYm8vZ5xJQvkGOfGGOJPXF5tyMq_vVH6b2otBLz5j0T6H_yj/s1600/DSC00044.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCubxYcqdmMAbY4smLtlriyVksocCiSgCDKZ5ljDnNe6D5T_RZBZsDKtQ-TRyqRPh9yZ6u_oNQN0chqswD9zK3nSDJMerYPYm8vZ5xJQvkGOfGGOJPXF5tyMq_vVH6b2otBLz5j0T6H_yj/s200/DSC00044.JPG" width="150" /></a></div>
Et quand je suis encore plus en difficulté pour le faire car il s'agit de textes essentiellement poétiques...<br />
Je me serais bien contentée d'une chronique en images...<br />
Après tout, dans cette gamme de rose et gris, elles sont si joliment assorties.<br />
Mais ces lectures méritent un petit effort...<br />
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<i>Un monde en fragments</i> de Pierre Barré est publié par une toute jeune maison d'édition basée à Metz, L'Atteinte. C'est un livre soigné, avec une indéniable recherche de mise en forme : une police d'écriture a été créée spécialement pour l'ouvrage. J'ai trouvé une vraie cohérence entre le texte et la ligne que s'est fixée la maison : "Notre intention est d'exposer une littérature à clef qui respecte l'intelligence du lecteur sans trop le flatter". En effet, c'est un livre qui demande un petit effort mais les indices sont quand même suffisants pour que l'on s'y retrouve, la juste dose d'explicite pour donner du sens à l'ensemble. </div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIDGLL8l1oHXLveob212OBKJJ_f8mH73YzRLkRCvkSQfotKOujhvSHsu2-yuIbmBbvNDl3yWvxKbRJc1rA-Nm_7szRGpuJRALxCmgK6KyV27GRovjtVZSDuI2FLXdrbO2F6oNtixy1UNIS/s1600/DSC00053.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIDGLL8l1oHXLveob212OBKJJ_f8mH73YzRLkRCvkSQfotKOujhvSHsu2-yuIbmBbvNDl3yWvxKbRJc1rA-Nm_7szRGpuJRALxCmgK6KyV27GRovjtVZSDuI2FLXdrbO2F6oNtixy1UNIS/s200/DSC00053.JPG" width="150" /></a></div>
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Récemment, ma librairie a choisi de mettre à l'honneur la maison d'édition Le Tripode et d'organiser une rencontre (je n'ai pas pu y aller ce qui est bien dommage). Autant dire que nous disposions d'un large choix et j'ai opté pour deux ouvrages très poétiques.<br />
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<i>Minuit en mon silence</i> de Pierre Cendors est conçu sous la forme d'une longue lettre d'amour rédigée par un officier allemand en septembre 1914 à l'attention d'une jeune femme rencontrée à Paris avant la guerre. On saura peu de choses de cette rencontre car on comprend très vite que cela serait hors de propos dans ce livre à la tonalité à la fois lyrique et sombre. </div>
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Un mot sur le nom de l'auteur, comme moi, vous avez peut-être noté la proximité sonore avec Cendrars et ceci d'autant plus que l'auteur suisse a été engagé volontaire pendant la Grande guerre, le payant d'ailleurs d'un lourd prix sur le plan physique. Si vous avez envie d'en apprendre davantage sur cette ressemblance des deux pseudonymes, quelques recherches sur Internet vous éclaireront mais l'auteur (je parle de Cendors) reste malgré tout entouré d'un halo de mystère et ses livres sont parfois décrits comme "indéfinissables" (ça ne m'étonne donc pas que je rame pour écrire ce billet).<br />
La tonalité de ce livre est éminemment poétique, tendue vers cet amour idéalisé que le lieutenant Heller éprouve pour la belle Else, une inconnue ou presque. Leur conversation n'a duré que quelques heures. A un moment, cependant, la jeune femme s'est troublée, trahissant une émotion un peu plus forte. Heller emporte ce trouble avec lui comme un joyau et n'en demande pas davantage. Il n'espère rien d'autre, cette absence sublimée lui suffit. Ce chant d'amour est servi par une écriture magnifique et l'on comprend la référence à Rilke en quatrième de couverture.<br />
Mais le livre comporte aussi une profonde intériorité. Heller ne pense pas que la guerre l'épargnera. Il se livre donc à une sorte d'introspection philosophique ou métaphysique tout en rendant hommage aux poètes. Les références au mythe orphique imprègnent l'ensemble du texte. Le personnage de l'Ordonnance du lieutenant, est particulièrement sublime, à la fois grave, pur, insaisissable et pourtant... Bien entendu, il le surnomme Orphée. D'autres références littéraires émaillent ce petit bijou poétique à l'érudition douce. Je vous invite fortement à les découvrir. </div>
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Cette année quelque peu trépidante m'a donné envie de me tourner vers ce petit livre, <i>Les pas d'Odette</i> qui, avec sa couleur rose tendre, s'annonçait tout en douceur et en rondeur. Il est également publié par la maison Le Tripode.<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvb6PgPJQRCCt36pQatL_l8sM6WrmTASu6BT3ptRoBK62sjkk4jhUvKPxefZsE7Zo3o27FlJwI-2Gse0_njkn6Dx8Jl3_YbJ8uByrVL-oeNQV0m5LwETZpVFQyst9PVCL-BhbOo_dH1_lz/s1600/DSC00048.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvb6PgPJQRCCt36pQatL_l8sM6WrmTASu6BT3ptRoBK62sjkk4jhUvKPxefZsE7Zo3o27FlJwI-2Gse0_njkn6Dx8Jl3_YbJ8uByrVL-oeNQV0m5LwETZpVFQyst9PVCL-BhbOo_dH1_lz/s200/DSC00048.JPG" width="150" /></a>Si je savais écrire, c'est ainsi, avec cette justesse de mots et cette infinie tendresse que j'aimerais parler de ma grand-mère. C'est en fait pour sa mère, Odette, devenue une dame très âgée, "mémé et arrière-mémé" que Patrick Da Silva a écrit ce magnifique texte. Pour retracer son parcours, l'auteur utilise, de manière très poétique, le procédé de la concaténation. Un mot en pousse un autre, un pas entraîne un pas, tant de pas depuis l'enfance, des pas d'écolière, puis rapidement des pas de labeur, des pas d’épouse, de mère et de grand-mère et désormais des pas menus. Tant de pas qu'il est impossible de les compter. L'écriture de l'auteur nous emporte dans une sorte de ritournelle nostalgique où chacun pourra repenser avec douceur aux souvenirs d'une mamie, mémé ou mémère (la manière de l'appeler ne se discute pas) et j'y ai bien sûr reconnu, avec beaucoup d'émotion, un peu de la mienne.</div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-32991518496731021842018-06-25T00:30:00.000+02:002018-06-25T23:32:42.681+02:00Smith & Wesson d'Alessandro Baricco<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdaAuEEMEh1hxpo6zlOtUyiyIT9hFk02apP-EBrNmUovaPlmShWObF2N96NrAR2vHKST2c6ILXbQao-HpgUamGHbVi-Hq1vIn6oPLGO7HvlEgLPCJEDaw_xl6b-t3onzDJA5h_8kMaN3pi/s1600/DSC00039.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdaAuEEMEh1hxpo6zlOtUyiyIT9hFk02apP-EBrNmUovaPlmShWObF2N96NrAR2vHKST2c6ILXbQao-HpgUamGHbVi-Hq1vIn6oPLGO7HvlEgLPCJEDaw_xl6b-t3onzDJA5h_8kMaN3pi/s320/DSC00039.JPG" width="240" /></a></div>
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L'association de leurs noms était improbable, celle de leurs prénoms le sera tout autant mais je préfère vous laisser découvrir. Qu'est-ce qui réunit Smith et Wesson au pied des chutes du Niagara en 1902 ? L'un est météorologue statisticien, inventeur malchanceux, l'autre repêche les suicidés en bas de la cascade. Arrive alors la jeune Rachel Green, journaliste bien décidée à être reconnue comme telle par ses pairs (et on comprend qu'en 1902, pour une femme, c'était loin d'être gagné) à la condition d'obtenir un scoop mémorable ou à défaut, de le créer. </div>
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Aucun des livres d'Alessandro Baricco que j'ai lus ne se ressemble sur le plan de la trame narrative mais tous ont en commun une incroyable musicalité dans leur écriture. Il faut dire que l'auteur est également musicologue. Ce nouvel opus, écrit sous la forme d'une pièce de théâtre s'articule en différents mouvements associés chacun à un tempo : "allegro", "allegro andante"... Le cinquième mouvement, "molto allegro", est mené sur un rythme effréné et Baricco nous l'explique dans une longue didascalie (kinésique ?), nous associant ainsi à sa facétie.</div>
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L'alternance des répliques provoque à plusieurs reprises un humour assez cocasse. Mais ce livre n'est pas qu'amusant. Il délivre quelques messages bien sentis sur la difficulté à être soi-même, à exister réellement voire même sur le désespoir qui peut en découler. Un livre qui me laisse une sensation de tourbillon comme ceux de la rivière car il est à la fois espiègle, inventif, teinté d'une forme d'authenticité (on sent que l'auteur a fait quelques recherches sur la fascination qu'a pu exercer cette fameuse cascade) sans oublier son aspect plus trouble.</div>
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Baricco arrive à se renouveler tout en restant fidèle à sa ligne d'écriture tout en musicalité. Magnifique. </div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-7791586027585342856.post-24955724782883814862018-06-24T14:49:00.000+02:002018-06-24T15:01:16.157+02:00Quand j'essaie de parler de mes lectures après plusieurs semaines...voire plusieurs mois/1<div style="text-align: justify;">
<i>Une année particulièrement chargée m'a tenue loin de ce blog. Accaparée par un écrit professionnel, je n'ai pas réussi à être suffisamment disponible intellectuellement pour rédiger mes chères petites chroniques. A défaut de pouvoir écrire des billets complets car ces lectures remontent à quelques semaines voire à quelques mois, je vais tenter d'en dire un petit quelque chose quand même...</i><br />
<i>Premier billet, à suivre...</i></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhk40wLL_xClYLKfE1ylZ4fu6-cJKBtFr7Svklh0YXWFq6gSV8F6OlsQbrpayEiyIK93poRX7C5xqrw5POJqjACLIREBsb7mCxo-5XjdXgfO_S_lzf7R3MXHu67Kgk8pUL9Tr2qEZ9GLg6h/s1600/DSC00045.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img alt="" border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhk40wLL_xClYLKfE1ylZ4fu6-cJKBtFr7Svklh0YXWFq6gSV8F6OlsQbrpayEiyIK93poRX7C5xqrw5POJqjACLIREBsb7mCxo-5XjdXgfO_S_lzf7R3MXHu67Kgk8pUL9Tr2qEZ9GLg6h/s200/DSC00045.JPG" title="" width="150" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCgNad8YnJGp62TzORCpI2jHB_3QpjfWl93VO6BwB9DJ4TDih1uuWsKVqc50cAYURg8oaeH_u4ryfEtvRcUO1r_chbYTVieZVn16RwqC34BJKZTFsEXPJnVdJ_uCStkLFh4gefYakuQXrx/s1600/DSC00047.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCgNad8YnJGp62TzORCpI2jHB_3QpjfWl93VO6BwB9DJ4TDih1uuWsKVqc50cAYURg8oaeH_u4ryfEtvRcUO1r_chbYTVieZVn16RwqC34BJKZTFsEXPJnVdJ_uCStkLFh4gefYakuQXrx/s200/DSC00047.JPG" width="150" /></a> Je découvre Pauline Dreyfus avec <i>Le Déjeuner des barricades </i>et je m'aperçois que dort dans ma PAL, un de ses livres plus anciens (2014),<i> Ce sont des choses qui arrivent. </i>D'emblée, j'ai aimé l'écriture maîtrisée de cet auteur. <i>Le Déjeuner des barricades</i>, c'est mai 68 vu depuis le décor feutré de l'Hôtel Meurice. Décalage original. On y croise un microcosme mondain et littéraire (mais pas que) vaguement agacé par ce qui se passe à l'extérieur, une certaine agitation... Mention particulière pour avoir mis en scène de manière particulièrement touchante le jeune Patrick Modiano venu recevoir son prix littéraire... <i>Ce sont des choses qui arrivent, </i>un livre plus profond qui a pour personnage principal, Natalie, princesse de Lusignan et duchesse de Sorrente, femme du monde que la guerre ne semble pas vraiment concerner jusqu'à ce qu'elle en apprenne un peu plus sur son ascendance. Mais pourquoi avoir laissé ce très beau livre traîner dans ma PAL si longtemps ?<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi44__dLxZ__DqO8UnGNBXP6-xNb-quHrHTQMXlPU-I0F6fDwsZEezZ-Hf6WmQX8T3F8ivR95QpZCazOqDVdw_bAdcz8cmPM8zD4B9UbbK2en8-VyVhbFfgtMKi_abbYbFut9dcMbO3FQzM/s1600/DSC00041.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi44__dLxZ__DqO8UnGNBXP6-xNb-quHrHTQMXlPU-I0F6fDwsZEezZ-Hf6WmQX8T3F8ivR95QpZCazOqDVdw_bAdcz8cmPM8zD4B9UbbK2en8-VyVhbFfgtMKi_abbYbFut9dcMbO3FQzM/s200/DSC00041.JPG" width="150" /></a></div>
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Je voulais découvrir Valérie Tong Cuong dont j'avais entendu parler (en bien) ici ou là sur la blogosphère. J'ai adoré. Livre lu en novembre, chronique commencée dans l'enthousiasme de l'après lecture, chronique toujours à l'état de brouillon. Pourquoi ? Lorsque j'ai vraiment aimé un livre, il m'arrive de tergiverser. Par quoi commencer ? Quelle accroche ? "Mais non, cesse de vouloir faire un exercice d'écriture, c'est le livre que tu défends." Bref, ces petits débats avec moi-même pouvant se révéler assez contre-productifs, j'ai décidé d'écrire cette petite chronique sans trop me poser de questions, l'essentiel étant de vous faire partager mon enthousiasme de lectrice.</div>
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Le contexte du livre (quand ça me rappelle le boulot...) : celui de la Seconde guerre mondiale, l'exode de deux familles (femmes et enfants car les hommes sont mobilisés, les 2 femmes sont sœurs) qui fuient Le Havre sur leurs bicyclettes. Quand on a lu le magnifique et bouleversant <i>Suite française</i> d'Irène Némirovsky, on craint la comparaison mais non, en fait, le livre tient ses promesses. Après l'exode, le retour bien évidemment et rapidement les difficultés de la guerre, la pénurie, les hommes prisonniers on ne sait où, les bombardements, particulièrement dans cette ville portuaire. Les différents personnages sont tout en finesse psychologique. Et puis, on sent que l'auteur aime ses personnages, elle les enveloppe d'une forme de tendresse et moi, j'aime quand un auteur aime ses personnages. La guerre les façonne, chacun fait ses choix, a ses raisons d'agir mais la guerre oblige aussi à se taire, à dissimuler, à masquer ses faiblesses ou à les transcender. Amour, courage, résilience, un tableau assez complet de la guerre, une vaste fresque des sentiments humains. </div>
Petite Balabolkahttp://www.blogger.com/profile/00895340014025927703noreply@blogger.com1