mercredi 4 mars 2015

Le seuil du jardin de André Hardellet



Il fait partie de ces auteurs oubliés (les "ensablés" de la littérature comme les surnomme Hervé Bel dans le blog qu'il leur consacre)  et sans le conseil d'un libraire, le désensablage est quasi impossible. Mais pour cela, il faut avoir de bons libraires : ouf, c'est mon cas !
La Collection L'Imaginaire chez Gallimard œuvre aussi beaucoup en matière de désensablage. D'aucuns diront que c'est une grande maison et que c'est son rôle. Mais je persiste à trouver la démarche courageuse à l'heure du consumérisme effréné (non, je n'ai pas d'actions chez eux).
Parler de l'auteur et de son éditeur m'évite de parler du livre lui-même qui n'est vraiment pas des plus simples à présenter. Il est question d'une pension de famille tenue par maman Temporel  avec présentation de ses occupants. Parmi eux, Stève Masson (Hardellet l'utilisera par la suite comme pseudonyme pour un autre livre), peintre dont le talent commence enfin à être reconnu mais dont le caractère est assombri par une quête difficile : "Je cherche toujours ce qu'il y a derrière mes tableaux ou derrière l'intention [...] L'autre côté des choses, le but secret." Il y parvient avec la toile nommée "Le seuil du jardin" (au moins, j'aurai expliqué le titre), expression d'un rêve récurrent le plongeant à chaque fois dans une béatitude addictive.
Un autre personnage fait alors son entrée dans l'histoire et la pension, Monsieur Swaine, professeur de philosophie en retraite. Terriblement secret (il fait poser des serrures sur toutes ses portes), celui-ci suscite aussitôt la curiosité méfiante des autres pensionnaires sauf celle de Masson, trop tourné vers lui-même et son art. La nuit, une étrange machine fait entendre son ronronnement. On apprend, après quelques péripéties, qu'il s'agit d'une sorte de lanterne magique permettant de fabriquer les rêves et de renouer avec les souvenirs. Masson et Swaine se rejoignent bien évidemment sur cet intérêt commun.
Cependant une telle machine apparaît pour certains comme une menace pour la société...
Une intrigue policière, de très beaux passages oniriques, une réflexion d'ordre philosophique, oui, ce livre mérite de sortir de l'oubli, comme son auteur.

2 commentaires:

  1. Il faut vraiment faire preuve de patience pour accéder à l'essence de ce roman, j'en ai eu, à l'ombre de mon pommier, convaincue qu'à un moment donné, j'allais accéder à l'essence, de la patience oui , vraiment...mais c'est l'été et le temps , on l'a !
    Des personnages étranges qui ne se livrent pas aisément, à propos desquels on perçoit au fil des pages des facettes incongrues.
    Petite Balabolka, Tu n'évoques pas la violence sous jacente des differents personnages, très présente parfois, trop pour moi en tout cas.
    Encore une fois ce roman, ces personnalités reflètent sans doute ce que tout un chacun porte en lui, du rêve, du sombre, de l'attachement . Merci pour cette découverte et bel été de lecture !

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    1. Oui, en effet, ce n'est pas un livre qui se laisse facilement appréhender, il est vraiment atypique. C'est vrai aussi pour la violence sous-jacente...je me rappelle que j'avais eu des difficultés pour écrire cette critique. Ça se sent d'ailleurs, je tourne autour mais n'arrive pas vraiment à exprimer mon ressenti. J'avais eu un sentiment un peu balzacien (c'est le côté pension de famille) mais n'avais pas osé l'écrire...
      Bonne découverte des autres livres...sous ton pommier.

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