Question de latitude peut-être ? En fixant
sa géographie plus précisément que dans ses autres romans où elle était quelque
peu flottante et en la fixant plus au Nord,
ce livre d'Ovaldé m'a moins captivée que les autres. Ceci dit, je
n'aurais pas cette impression si ce livre était le premier que je découvrais
d'elle. J'aimerais pouvoir porter un regard neuf et frais sur une lecture et ne
pas l'apprécier ou la déprécier à l'aune de ce qui m' a précédemment enchantée
ou déplu du même auteur. Il n'est cependant pas toujours évident de repousser
toute porosité entre lectures passées et présentes.
Néanmoins j'ai retrouvé avec bonheur
l'écriture d'Ovaldé et le charme a encore opéré. J'aime ses phrases à la
ponctuation discrète qui permettent aux mots de s'écouler et de diffuser leur
poésie, mine de rien. J'aime les adjectifs qu'elle associe de manière décalée
et qui me laissent une impression mélangée d'amusement, de surprise et parfois
de nostalgie.
J'ai retrouvé comme un endroit familier ses
personnages un peu "barrés" qui oscillent entre résignation et
résilience. Ici, il est question de Maria Cristina qui a réussi à s'extirper de
l'étau maternel, à fuir son Canada natal pour "les palmiers
cosmétiques" de la Californie. Mais comment s'adapter à la désinvolture et
aux paillettes lorsqu'on a été élevé à Lapérouse par une mère dévote à l'excès et
paranoïaque qui pense que toute fantaisie est péché ou vulgarité et que tout
étranger est suspect ? Peut-être avec l'aide de Joanne, la colocataire qui a tout compris quant
à elle du Los Angeles way of life ? Peut-être avec l'aide de Claramunt, écrivain
à succès qui vit comme une diva dans son manoir normand ? Charmé par le côté
sauvageon de la belle, il devient son amant puis son mentor car la toute jeune
femme (elle n'a que 16 ans) aimerait avoir l'avis (et surtout l'aval) de cet
homme qu'elle admire sur "La vilaine sœur", roman cathartique qu'elle vient
d'écrire. Ce couple un peu improbable
m'a rappelé celui que forment Lili et Yoïm dans "Les hommes en général me
plaisent beaucoup". Même écart d'âge, même différence de corpulence, même
côté "je te prends sous mon aile mais fais attention les plumes sont
d'airain". Cependant la tension est moindre dans le couple Maria
Cristina-Claramunt et là, non, je n'y ai pas cru quand elle règle ses comptes
avec lui, c'est le cas de le dire..., lui reprochant dix ans plus tard de
s'être fait de l'argent sur son dos alors qu'à aucun moment, elle ne paraît en
manquer, vivant dans une opulence bien plus grande que ce qu'elle a connu dans
son enfance.Là, j'ai un peu eu le sentiment que l'intrigue bottait en touche
car le vrai défi aurait été d'affronter sa mère (bon, ok, ça paraît mission
impossible) mais sa sœur surtout (irresponsable au possible vu ce qu'elle a osé
confié à leur mère commune et
connaissant très bien son côté peu amène). Les bases pour créer un ressort narratif
intéressant étaient donc posées et j'aurais aimé que Véronique Ovaldé explore
davantage cette piste plutôt que de nous proposer une fuite, même romancée
façon "on the road again" (j'ai mis "again" parce que quand
même je n'ose pas comparer à Kerouak). Un
livre que j'ai donc davantage aimé pour son écriture que pour son histoire mais
comme je venais d'en lire un mal écrit, mon besoin a été comblé. Ha, la
porosité...
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