Il fait partie de ces auteurs oubliés (les
"ensablés" de la littérature comme les surnomme Hervé Bel dans le
blog qu'il leur consacre) et sans le
conseil d'un libraire, le désensablage est quasi impossible. Mais pour cela, il
faut avoir de bons libraires : ouf, c'est mon cas !
La Collection L'Imaginaire chez Gallimard
œuvre aussi beaucoup en matière de désensablage. D'aucuns diront que c'est une
grande maison et que c'est son rôle. Mais je persiste à trouver la démarche
courageuse à l'heure du consumérisme effréné (non, je n'ai pas d'actions chez
eux).
Parler de l'auteur et de son éditeur
m'évite de parler du livre lui-même qui n'est vraiment pas des plus simples à
présenter. Il est question d'une pension de famille tenue par maman
Temporel avec présentation de ses
occupants. Parmi eux, Stève Masson (Hardellet l'utilisera par la suite comme
pseudonyme pour un autre livre), peintre dont le talent commence enfin à être
reconnu mais dont le caractère est assombri par une quête difficile : "Je
cherche toujours ce qu'il y a derrière mes tableaux ou derrière l'intention
[...] L'autre côté des choses, le but secret." Il y parvient avec la toile
nommée "Le seuil du jardin" (au moins, j'aurai expliqué le titre),
expression d'un rêve récurrent le plongeant à chaque fois dans une béatitude
addictive.
Un autre personnage fait alors son entrée
dans l'histoire et la pension, Monsieur Swaine, professeur de philosophie en
retraite. Terriblement secret (il fait poser des serrures sur toutes ses
portes), celui-ci suscite aussitôt la curiosité méfiante des autres
pensionnaires sauf celle de Masson, trop tourné vers lui-même et son art. La
nuit, une étrange machine fait entendre son ronronnement. On apprend, après
quelques péripéties, qu'il s'agit d'une sorte de lanterne magique permettant de
fabriquer les rêves et de renouer avec les souvenirs. Masson et Swaine se
rejoignent bien évidemment sur cet intérêt commun.
Cependant une telle machine
apparaît pour certains comme une menace pour la société...
Une intrigue policière, de très
beaux passages oniriques, une réflexion d'ordre philosophique, oui, ce livre
mérite de sortir de l'oubli, comme son auteur.
Il faut vraiment faire preuve de patience pour accéder à l'essence de ce roman, j'en ai eu, à l'ombre de mon pommier, convaincue qu'à un moment donné, j'allais accéder à l'essence, de la patience oui , vraiment...mais c'est l'été et le temps , on l'a !
RépondreSupprimerDes personnages étranges qui ne se livrent pas aisément, à propos desquels on perçoit au fil des pages des facettes incongrues.
Petite Balabolka, Tu n'évoques pas la violence sous jacente des differents personnages, très présente parfois, trop pour moi en tout cas.
Encore une fois ce roman, ces personnalités reflètent sans doute ce que tout un chacun porte en lui, du rêve, du sombre, de l'attachement . Merci pour cette découverte et bel été de lecture !
Oui, en effet, ce n'est pas un livre qui se laisse facilement appréhender, il est vraiment atypique. C'est vrai aussi pour la violence sous-jacente...je me rappelle que j'avais eu des difficultés pour écrire cette critique. Ça se sent d'ailleurs, je tourne autour mais n'arrive pas vraiment à exprimer mon ressenti. J'avais eu un sentiment un peu balzacien (c'est le côté pension de famille) mais n'avais pas osé l'écrire...
SupprimerBonne découverte des autres livres...sous ton pommier.