samedi 15 août 2015

L'aquarelliste de Béatrice Masini



Début du XIXème siècle en Italie ou plus précisément dans le Milanais (sous autorité autrichienne) car le pays n'est pas encore unifié mais frémit déjà d'idées nationalistes.
Bianca, une jeune aquarelliste, ayant reçu une éducation étonnamment moderne pour l'époque, est engagée par Don Titta, un célèbre poète afin de peindre l'exubérante flore de son immense domaine de Brusuglio. Elle prend alors une position un peu particulière dans la famille, capable d'attirer les confidences de Donna Clara, la mère du poète, comme de celles des domestiques, notamment les jeunes Minna et Pia (cette dernière intriguant tout particulièrement la jeune peintre par le traitement de faveur dont elle semble bénéficier par rapport au reste de la domesticité). Son statut d'employée est comme une interface tournée soit vers le domaine des maîtres soit vers le monde ancillaire. Pour autant, elle cherche un peu sa place, doit supporter quelques remarques discourtoises suscitées par l'originalité de sa situation (s'offrir les services d'une aquarelliste reste une folie coûteuse et remarquée même au sein de la noblesse ). Dans cette position intermédiaire, elle rejoint quelque peu Innes, le précepteur anglais de la nombreuse tribu de Don Titta mais celui-ci est accaparé par son amitié quasi fusionnelle avec le maître avec qui il partage des activités politiques subversives. L'auteure ne fait que les sous-entendre, ce que j'ai trouvé un peu dommage, un contexte politique et historique plus explicite aurait selon moi amené davantage de densité.  
Bianca réalise alors que l'action, les décisions se situent du côté des hommes et que les femmes, même riches, ne peuvent que suivre et s'adapter. Lorsque la famille quitte Brusuglio pour prendre ses quartiers d'hiver dans son hôtel particulier à Milan même, Bianca, au départ un peu désœuvrée, se donne pour mission d'enquêter sur les origines de Pia, abandonnée bébé, à l'assistance publique.
Jusque là, le livre est plutôt lent et cette enquête amène un peu d'action mais pour autant, j'ai été déçue par le traitement que l'auteur donne à cette affaire, une fois la vérité découverte. Cela m'a semblé confus et surtout plat.
Globalement ce livre m'a donné la sensation d'aborder plusieurs pistes mais en les traitant souvent de manière fort diluée (un peu comme l'aquarelle) ce qui donne une impression de longueur.
Pour autant, c'est un livre qui a des qualités car il est bien écrit, ambitieux par la pluralité des thèmes qu'il aborde et les amateurs de botanique pourront se régaler des très belles descriptions. Il est également assez détaillé sur le fonctionnement de l'institution d'assistance publique au XIXème siècle à Milan, c'est d'ailleurs ce qui a motivé son écriture comme nous l'explique elle-même l'auteure, un aspect d'histoire sociale fort intéressant, rien que pour lui-même.

2 commentaires:

  1. Dommage, il semble que ce livre aurait pu être bien. Apparemment, l'auteur a eu du mal à cadrer son sujet...

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    1. J'ai essayé d'être la plus objective possible avec cette chronique parce que c'est vrai que c'est un peu lent et que ça part dans plusieurs directions mais en même temps, c'est vraiment bien écrit et pour moi, c'est très important.

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