J’aime les
personnages. Surtout quand ils composent avec leurs faiblesses et qu’ils avancent
d’un pas mal assuré. Avec la cohorte des personnages vargasiens et leurs
béquilles respectives, je suis servie. C’est pourquoi je savais, après la
lecture de L’Armée furieuse que j’aurai plaisir à les retrouver et peu importe
que ce soit dans le cadre d’une intrigue policière, en fait.
Commençons par le
chef de cette drôle d’équipe qui donne le ton de la loufoquerie comme un chef d’orchestre
donnerait le la : le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg qui, malgré un net
penchant pour le nuagisme, fait cependant mouche dès qu’il redescend sur le réel.
Adrien Danglard reste, quant à lui, l’adjoint indispensable, malgré son côté empoté et parfois imbibé, par son érudition sans faille et son attachement indéfectible pour le commissaire.
Adrien Danglard reste, quant à lui, l’adjoint indispensable, malgré son côté empoté et parfois imbibé, par son érudition sans faille et son attachement indéfectible pour le commissaire.
Louis Veyrenc, l’autre
Béarnais, l’ami d’enfance d’Adamsberg, joue le rôle d’électron libre mais ses
initiatives sont souvent précieuses.
Les femmes dans l’équipe
sont représentées par des personnages bien campés avec Froissy et Retancourt,
essentielles l’une pour son sens obsessionnel du ravitaillement, l’autre pour
sa solidité à toute épreuve.
Je n’ai pas lu
assez de livres de Fred Vargas pour connaître tout son univers mais j’ai l’impression
que cette auteure n’aime pas s’embarquer avec des histoires ordinaires. Elle nous
propose ici une histoire de vendetta entre familles de vampires qui nous mène
de Londres à la Serbie en passant par Garches (ce qui explique que l’équipe d’Adamsberg
soit saisie de l’affaire). Deux histoires parallèles, au départ, qui paraissent
aussi étranges l’une que l’autre, avec leur ancrage dans le fantastique. On se demande par quelle prouesse l’auteur va
réussir à les assembler mais elle y parvient, le maillage se constitue
lentement et s’y intercalent des fils multicolores, des éléments de la vie
personnelle des personnages principaux, sorte de banderilles que les
aficionados prendront plaisir à retrouver car si chaque histoire se suffit à
elle-même, la vie privée des personnages principaux se dévoile, elle, sur un
temps plus long comme une friandise réservée aux initiés.
J’aime beaucoup aussi
la manière patiente qu’a Fred Vargas de dénouer l’intrigue, de revenir sur ce
qui, pour un lecteur attentif, aura paru incompréhensible voire un peu exagéré
comme si elle-même n’était pas dupe d’être allée un peu loin. Je ne sais pas
comment elle se débrouille mais des explications plausibles (peut-être
uniquement sur le plan littéraire ?) sont bien fournies sans entamer pour autant
la part de mystère qui semble inhérente au type d’intrigue qu’elle affectionne.
Quant aux
dialogues, je les trouve savoureux. Parfois, ça tourne à la loufoquerie comme
si cette bande de doux dingues aimait s’égarer à qui mieux mieux et parfois, c’est
d’une concision et d’une efficacité toute policière, comme il se doit, même si on a tendance à l'oublier car le talent de Vargas, c'est notamment de faire en sorte qu'il ne prenne pas toute la place, ce côté policier, histoire de convertir un peu des non-adeptes, comme moi.
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