mardi 12 mai 2015

Moi, Surunen, libérateur des peuples opprimés de Arto Paasilinna



La Paasilinnette que je suis (oui, je copie sans vergogne sur Galéa pour la fabrication des noms d'aficionados) a dû surmonter une petite déception. Ce roman-ci n'allait pas (ou peu) se passer en Finlande. Je sais bien que Paasilinna n'est pas obligé de se cantonner à son territoire natal mais voilà quand je le lis, je veux du Noooord. De la neige à perte de vue, des forêts immenses, des étangs autour, des mets roboratifs et des séances revigorantes au sauna. Oui, tous les clichés. J'ai honte (ceci dit j'aurais pu mettre "les rennes"). Le top, c'est quand je le lis en plein été.
 Là, le héros s'est embarqué pour un pays plein de soleil et je me suis sentie un peu décalée. Certes, il n'y va pas pour arborer par la suite un hâle flatteur. Sa mission est un brin moins dilettante puisqu'il a décidé de sauver un prisonnier politique injustement incarcéré depuis 6 ans et pour la libération duquel  toutes les lettres, pétitions et demandes diplomatiques sont restés vaines. Notre héros, éminent philologue en plus d'être militant des Droits de l'Homme, a donc décidé que le temps de l'action était venu. Et là, on a droit à du Paasilinna savoureux avec la préparation de l'expédition. J'adore cette détermination presque naïve (ou volontairement) alors que l'aventure tentée est en soi complètement délirante dans ses chances de succès, notre héros étant un intellectuel pur jus, parlant plus de 15 langues et n'ayant rien du super héros sauf dans ses intentions. Dans plusieurs romans de Paasilinna, on sent cette énergie irrépressible qui se joue de toutes les difficultés, les anticipe même. Certes, ces entreprises humaines sont parfois (souvent) un peu délirantes, on n'y croit pas à 100% bien sûr mais la dynamique fait du bien. Bon, là, on peut dire que côté difficulté, notre héros a visé haut puisqu'il s'agit rien de moins que d'extirper un détenu politique d'une terrible dictature, le Macabraguay (un voisin du Honduras) où règne en maître une junte cupide qui pourchasse, torture et arrête tout ce qui peut ressembler à un opposant communiste. Il finit par y arriver, non sans avoir payé de sa personne mais comme l'objectif visé est particulièrement difficile, le roman peine un peu malgré les improbabilités habituelles (qui font aussi le charme des romans de cet auteur).
D'ailleurs, dans la seconde partie du roman, où notre héros cette fois s'emploie à libérer un interné de force (pour motif politique) dans un pays communiste, la Vachardoslavie, les choses vont meilleur train, notre philologue étant aidé dans son entreprise par un pickpocket fort habile. Cette différence de rythme et donc de pages déséquilibre un peu le roman alors que l'intention de départ est justement dans l'équité de traitement. Il s'agit bien de dénoncer les atteintes à la liberté d'expression dans chacun des blocs (le roman est écrit en 1986) avec un côté déjanté certes,  mais tout de même.
Une lecture intéressante donc même sans la neige, les forêts, le sauna...

4 commentaires:

  1. J'avoue que ne suis pas super fan des couvertures ni des titres des romans de cet auteur, qui accentuent le côté déjanté... Quoi qu'il en soit, si je devais quand même me laisser aller à découvrir cet univers, je crois que j'irais plutôt faire un saut dans le grand Nooooord ;-)

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  2. Je note le nom de l'auteur car il a l'air de compter pour toi. Mais je ne suis pas certaine que ce soit pour moi. Le loufoque en politique, même avec un message, généralement me laisse sur le chemin. Me conseillerais-tu de commencer par un autre qui serait plus proche d'un Nooooord qui t'est cher ?

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    1. Oui, tout à fait, si tu veux découvrir Paasilinna, il ne faut pas commencer par celui-ci. "Le lièvre de Vatanen" est assez fondateur et fait donc référence pour cet auteur. Sinon, je te conseille aussi "la cavale du géomètre", "un homme heureux" et "le Bestial Serviteur du pasteur Huuskonen" (où là, il ne s'agit plus d'un lièvre mais d'un ourson !).
      J'espère que tu aimeras aussi...

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