samedi 28 octobre 2017

Sigma de Julia Deck

J'ai découvert Julia Deck avec son roman Viviane Elisabeth Fauville que j'avais trouvé remarquable par sa maîtrise narrative. Aussi, y suis-je allée en confiance en choisissant ce nouvel opus au titre énigmatique dont le bandeau affichant de manière efficace le nom de l'auteure, m'annonçait comme une promesse de bonne lecture.
J'ai retrouvé un roman maîtrisé de bout en bout. L'auteure a une idée, originale qui plus est, et elle s'y tient, presque comme une démonstration. Sigma est le nom d'une organisation internationale secrète qui place des agents auprès de personnes d'influence afin de les contrôler. Ces agents endossent souvent le rôle d'assistant(e) ce qui leur permet d'être au plus près des affaires de leurs patrons : scientifique, galeriste, actrice, banquier-mécène. Le roman est basé sur des rapports que les assistants adressent à l'organisation afin de rendre compte des projets en cours et de leur évolution. Cette correspondance leur permet également de connaître leur marge de manœuvre. En retour,  Sigma donne ses directives. Les initiatives ne sont en effet guère tolérées et gare aux agents qui dérogent... Il arrive aussi que Sigma (opérations helvétiques) elle-même rende compte à sa hiérarchie (Sigma-direction exécutive). 
Ce qui préoccupe surtout Sigma est la réapparition d'un tableau du grand peintre contemporain Konrad Kessler, tableau jugé subversif voire dangereux. Alors, elle place ses pions auprès de la galeriste mais aussi auprès de sa soeur (l'actrice), son mari (le scientifique) ainsi que le banquier si féru d'art qui pourrait bien détenir la fameuse toile. Tout ceci est très bien mené sauf que j'ai eu du mal à y croire (et pourtant j'ai lu Les falsificateurs d'Antoine Bello). En effet, non pas que je sous-estime l'influence de l'art sur les gens mais là, j'aurais eu besoin que l'on m'explique davantage en quoi ce tableau est si dérangeant, bref d'entrer un peu plus dans les motivations de cette organisation. 
Le choix narratif qu'a fait l'auteure, un échange de comptes rendus et de consignes, donne une tonalité assez factuelle au roman. La psychologie des personnages reste un peu en surface, me semble-t-il. De plus, ils sont nombreux, plus d'une dizaine et j'aurais apprécié que l'auteure s'attarde davantage sur le noeud de certaines tensions, par exemple, la relation entre les deux soeurs. Si j'ai apprécié la maîtrise du roman, l'originalité de son propos ainsi que la qualité de son écriture, j'ai cependant été un peu déçue par son côté impersonnel (du moins, l'ai-je ressenti ainsi). J'ai peut-être été influencée par ma lecture précédente (Par amour de Valérie Tong Cuong, que je n'ai pas encore chroniqué...) où les personnages étaient puissamment présents avec leurs forces et leurs faiblesses mais toujours est-il que ce nouveau roman de Julia Deck m'a plu intellectuellement sans suffisamment me transporter émotionnellement. 

2 commentaires:

  1. Bon, à voir... Je l'ai acheté aujourd'hui !

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    1. Ah, je suis impatiente de te lire ! En général, il me semble que tu aimes bien quand le texte est un peu incarné, un peu habité...Bon, tu nous diras...

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