Cette couverture comporte une figure cachée... |
Comment passer à côté d'un livre dont on perçoit pourtant les qualités ? Sans doute en ne comprenant pas assez vite l'intention de l'auteur, en l’occurrence sa démarche narrative. Pour autant, je reconnais qu'elle est travaillée voire esthétique mais la difficulté à cerner qui est le narrateur, les changements de points de vue, la recherche d’abstraction ou de distanciation (je ne sais pas trop comment dire) n'ont pas permis que je crée facilement du lien avec cette histoire et ces personnages.
Je pense que j'ai associé à ce livre une attente, un présupposé qui ne s'est pas révélé exact et qui m'a un peu déstabilisée. Je ne m'attendais pas à un propos populaire sous le prétexte que l'histoire se déroule dans une brasserie mais peut-être avais-je envie d'une forme de fluidité, de rapport d’évidence avec le texte qui ne m'aurait pas demandé d'effort. Résultat, le temps que j'accepte cet effort, la moitié du livre était passée.
Mais de quoi parle ce roman ? 78 fait référence à l'année dans laquelle s'inscrit cette histoire (la couverture orange à gros damiers nous donnait, par sa couleur, une orientation vers les années 70...). Mais le temps est en fait plus resserré car tout le propos se déroule au cours d'une seule soirée. Unité de temps et unité de lieu : on ne sortira pas de la brasserie. Enfin, si, quelqu'un en sortira pour ne pas en revenir alors que ce n'était pas trop prévu, étant donné qu'il laisse son garçon derrière lui (observez bien la couverture du livre...) abandonné sur une banquette au fond de la salle. L'enfant sirote son verre de menthe et joue avec ses Bidibules pour tromper l'attente. Il a compris. Il observe la salle de cette brasserie de Sens, presque familière voire rassurante pour lui qui s'est trop souvent endormi sur des banquettes de boîtes de nuit où on l'avait embarqué.
Il observe et que voit-il ? D'abord, les allées et venues entre les rangées de Patrick, le serveur. C'est qu'il bosse dur, la soirée se gagne surtout aux pourboires. Il faut assurer l'avenir du petit qui s'annonce. Plus tranquille, attablé devant un kir et un journal, Honoré, 70 ans caresse le souvenir de sa chienne Pupuce sous la table. Il maugrée contre tout. Lâche dans sa jeunesse, Honoré est devenu un vieillard aigri et résigné. Résignée, c'est justement ce que ne veut pas devenir Christelle, avec l'espoir en elle de ses 18 ans. Non, elle n'épousera pas l'apprenti de son père et ne deviendra pas la femme du boucher, fière de son pas-de-porte. Elle ne méprise pas ses parents commerçants mais elle a goûté aux livres et veut étudier. Une autre femme attend dans la brasserie devant un livre justement. C'est un livre compagnon qui remplace l'amant qui ne viendra pas. Elle guette la porte pourtant, prolongeant l'illusion. Un autre est aux aguets, c'est Max, le patron. Derrière son zinc, il surveille le groupe d'extrémistes qui veut l'enrôler sous prétexte qu'il a fait l'Algérie. En cuisine, Mohamed, hanté par le souvenir d'octobre 1961, s'affaire. Il se sent protégé dans cette pièce qui est son domaine réservé.
Tout en se figeant dans un temps circonscrit et un espace clos, ce roman capte des facettes multiples : échantillons de société, enjeux en gestation ou en mutation, interface entre deux époques. Le propos est ambitieux et intéressant. Quant à l'écriture, il faudra accepter de se laisser un peu dérouter.
Mais de quoi parle ce roman ? 78 fait référence à l'année dans laquelle s'inscrit cette histoire (la couverture orange à gros damiers nous donnait, par sa couleur, une orientation vers les années 70...). Mais le temps est en fait plus resserré car tout le propos se déroule au cours d'une seule soirée. Unité de temps et unité de lieu : on ne sortira pas de la brasserie. Enfin, si, quelqu'un en sortira pour ne pas en revenir alors que ce n'était pas trop prévu, étant donné qu'il laisse son garçon derrière lui (observez bien la couverture du livre...) abandonné sur une banquette au fond de la salle. L'enfant sirote son verre de menthe et joue avec ses Bidibules pour tromper l'attente. Il a compris. Il observe la salle de cette brasserie de Sens, presque familière voire rassurante pour lui qui s'est trop souvent endormi sur des banquettes de boîtes de nuit où on l'avait embarqué.
Il observe et que voit-il ? D'abord, les allées et venues entre les rangées de Patrick, le serveur. C'est qu'il bosse dur, la soirée se gagne surtout aux pourboires. Il faut assurer l'avenir du petit qui s'annonce. Plus tranquille, attablé devant un kir et un journal, Honoré, 70 ans caresse le souvenir de sa chienne Pupuce sous la table. Il maugrée contre tout. Lâche dans sa jeunesse, Honoré est devenu un vieillard aigri et résigné. Résignée, c'est justement ce que ne veut pas devenir Christelle, avec l'espoir en elle de ses 18 ans. Non, elle n'épousera pas l'apprenti de son père et ne deviendra pas la femme du boucher, fière de son pas-de-porte. Elle ne méprise pas ses parents commerçants mais elle a goûté aux livres et veut étudier. Une autre femme attend dans la brasserie devant un livre justement. C'est un livre compagnon qui remplace l'amant qui ne viendra pas. Elle guette la porte pourtant, prolongeant l'illusion. Un autre est aux aguets, c'est Max, le patron. Derrière son zinc, il surveille le groupe d'extrémistes qui veut l'enrôler sous prétexte qu'il a fait l'Algérie. En cuisine, Mohamed, hanté par le souvenir d'octobre 1961, s'affaire. Il se sent protégé dans cette pièce qui est son domaine réservé.
Tout en se figeant dans un temps circonscrit et un espace clos, ce roman capte des facettes multiples : échantillons de société, enjeux en gestation ou en mutation, interface entre deux époques. Le propos est ambitieux et intéressant. Quant à l'écriture, il faudra accepter de se laisser un peu dérouter.
Bon, tu n'es pas super enthousiaste...
RépondreSupprimerIl y a quand même un truc qui me parle dans ta chronique... ce sont les Bidibules ! ;-)
Mais figure-toi que ça ne me disait trop rien ces Bidibules et pourtant j'appartiens bien à la génération qui aurait pu jouer avec...
SupprimerL'auteur mentionne aussi Goldorak : là, ça fait référence tout de même (le genre de générique hyper efficace) ;-)
Mais figure-toi que ça ne me disait trop rien ces Bidibules et pourtant j'appartiens bien à la génération qui aurait pu jouer avec...
SupprimerL'auteur mentionne aussi Goldorak : là, ça fait référence tout de même (le genre de générique hyper efficace) ;-)