samedi 28 novembre 2015

Un goût de cannelle et d'espoir de Sarah McCoy

Je remercie la personne qui m'a prêté ce livre.

En plus de satisfaire notre appétence de mots et d'histoires, certains romans proposent parfois de manière délicate, un parcours sensitif à leurs lecteurs. Visuel, musical (Baricco est particulièrement doué en la matière), tactile (à commencer par cette sensation du grain de la page sous les doigts...) mais plus rarement, me semble-t-il, olfactif. C'est le cas de ce livre dont l'identité en matière de saveurs et d'odeurs est très marquée (repérable dès le titre) et sert de lien entre les deux temporalités retenues. Le cadre s'y prête particulièrement puisqu'il s'agit d'une boulangerie ou plutôt d'une Bäckerei, ce qui, vous l'aurez compris, nous emmène de l'autre côté du Rhin. 
Les temps sont difficiles pour la famille d'Elsie Schmidt en cet été 1944. Il faut faire tourner la boulangerie en dépit de la pénurie quotidienne. Mais ce dont souffre le plus Elsie, c'est d'être éloignée de sa sœur aînée, Hazel, partie rejoindre le Lebensborn après être devenue mère célibataire, avec pour mission d'enfanter pour la patrie. A tout juste 16 ans, Elsie semble être la fiancée toute désignée de Josef Hub, un officier qui s'est étonnement rapproché de la famille et qui lui offre sa protection. La jeune fille n'ose pas avouer à ses parents que cet homme certes correct mais plus âgé qu'elle ne lui inspire aucun sentiment amoureux.
Elsie ne se pose guère de questions sur le sort réservé aux Juifs jusqu'à ce que des circonstances très particulières la mettent en présence de Tobias, un enfant de 6 ans et l'amènent à faire un choix décisif. Oui, elle lui viendra en aide comme il l'a fait pour elle. 
Bond dans le temps et dans l'espace : 2007, El Paso au Texas, la journaliste Reba Adams  doit rédiger un article sur la diversité des coutumes de Noël et elle compte bien sur l'interview d'Elsie Schmidt-Meriwether, propriétaire d'une boulangerie allemande, pour agrémenter son papier des traditions de ce pays. Mais c'est une tout autre histoire que va alors lui raconter, Elsie. 
Dans l'odeur de la boulangerie, Reba se sent bien, comme protégée. Elle aime écouter Elsie (alors âgée de 79 ans mais toujours au travail) et discuter avec Jane, sa fille, autour de délicieux Lebkuchen ou Brötchen. Les deux femmes lui rappellent sa mère et sa sœur qu'elle a laissées en Virginie pour se lancer dans une carrière de journaliste et surtout fuir une histoire familiale douloureuse. Elle aussi doit faire un choix, concrétiser ou non la demande en mariage de son petit-ami, Riki mais le passé la hante et l'empêche d'aller de l'avant. 
L'auteur alterne les deux histoires, celle d'Elsie, jeune fille et celle de Reba au gré des chapitres ce qui donne une certaine vivacité dans le rythme. S'y ajoutent également les lettres de Hazel depuis le Lebensborn. J'aurais aimé que l'histoire d'Hazel, qui ne se contente pas de son rôle de génitrice aryenne, soit davantage développée dans le livre. A vrai dire, cela m'a bien plus interpellée que les hésitations de Reba. J'étais pressée de retrouver les chapitres qui se déroulent pendant la seconde guerre mondiale. Pour moi, cette histoire était suffisante par son intensité pour nourrir le roman. Du coup, le reste m'a semblé un peu "en trop". 
Malgré cette réserve, j'ai vraiment apprécié cette lecture. Je ne dirai pas qu'il s'agit d'une belle histoire mais d'une histoire forte proposant un parcours de femmes courageuses, amenées à faire des choix et qui vont se fier à la vérité de leurs sentiments et s'y tenir quelque soit le danger, par goût de l'espoir.

2 commentaires:

  1. J'aime bien ces récits construits sur deux trames narratives alternées. Encore faut-il que cela soit vraiment pertinent et bien mené. A te lire, on sent une petite faiblesse de ce côté-là. Mais, apparemment, le roman vaut quand même la peine.

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    1. Oui, je suis d'accord, c'est tout à fait intéressant d'avoir deux trames narratives alternées (et en général, j'apprécie quand elles finissent par se rejoindre) mais là, c'est vrai que ce n'était pas à mon sens franchement nécessaire.
      Oui, c'est un roman intéressant.

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