Je découvre Erri de Luca avec cette jolie Histoire d’Irène et j’ai un peu la même sensation que lorsque j’ai lu mon premier Modiano, celle d’entrouvrir la porte d’un univers littéraire à la symbolique riche et subtile dont je ne perçois encore qu’un rai de lumière. C’est donc à petits pas que j’écris cette critique tant j’ai le sentiment que ce livre se rattache à un ensemble, une œuvre qui fait sens dans sa globalité.
On lui a donné un prénom dont l’étymologie en grec rappelle le mot « paix » mais ce n’est pas sur cette minuscule île méditerranéenne, où on l’a trouvée, échouée sur la plage après une tempête qu’elle goûte la quiétude. Venue de la mer, elle y retourne chaque nuit pour nager en compagnie des dauphins, ses seuls amis. Aux humains qui se méfient d’elle, elle ne parle pas et les laisse penser qu’elle est sourde et muette. Quand son ventre d’adolescente s’est arrondi, on ne l’a plus saluée. Peu importe, Irène n’attend rien des îliens mais tout de la mer. Un seul connaît son secret, un vieux conteur, un peu solitaire lui-aussi. A défaut d’être le père ou le grand-père de cette orpheline bientôt mère, il lui invente des histoires et prolonge ainsi la magie de sa symbiose avec les dauphins.
Ce court roman a des allures de récit mythologique. L’ancrer dans une époque serait superflu car le lecteur est comme plongé dans la nuit des temps. La mer est une matrice qui a enfanté une sorte de créature sirène. Elle-même y donnera la vie et aidera à son tour à la donner.
Grâce à une écriture d’une grande poésie, l’auteur parvient à brouiller les frontières du réel et nous emmène dans ce conte aux tonalités universelles qui laisse une sensation irénique.
Mais qui a dit de se méfier du chant des sirènes ?
Je ne suis pas sûre que ce soit un roman - un univers ? - pour moi... Pourtant, tu en parles d'une manière si jolie que cela me donnerait presque envie !
RépondreSupprimerEn fait, ça ressemble à un conte.
SupprimerMerci pour le compliment, Delphine olympe (je suis en train de lire La Triomphante)
Ah ! J'ai hâte de lire ton commentaire ! ça te plaît ?
SupprimerC'est bien écrit mais on ne peut pas dire que j'ai été emballée. Je ne sais pas encore trop dire pourquoi. Peut être que j'aurais voulu qu'elle analyse plus en profondeur ses sentiments (mais elle le fait quand même parfois). Par moment, ça m'a paru trop lisse. Je ne suis pas sûre de pouvoir le chroniquer.
SupprimerOui, je comprends parfaitement la comparaison avec les livres de Modiano! Pour moi qui ne suis pas française (et encore moins italienne!!), j'ai apprécié la poésie du récit, non, je l'ai aimée, et c'est tout autre chose. Et votre commentaire, je le trouve pertinent!
SupprimerMerci !
SupprimerModiano et De Luca sont deux grandes découvertes littéraires pour moi cette année.
Punaise quel beau billet, tellement poétique. Si le livre est sur la même tonalité, c'est extrêmement tentant. C'est drôle car je viens de finir un Fletcher, et j'y retrouve plein d'éléments (la jeune fille seule et la nature surtout).
RépondreSupprimerJe ne connais pas du tout cet auteur, et pourtant ce n'est pas faute de le voir sur les blogs.
(ps. J'adore ton clin d'oeil à Modiano)
Merci Galéa !
SupprimerC'est quel titre ton Fletcher ?
Ah ben, j'avais qu'à regarder sur ton blog ! Ok, j'ai repéré !
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