Je suis restée
trop souvent à quai avec ce livre. L'auteur et ses personnages sont partis
faire un tour et ils ont déroulé leur histoire entre eux. De temps en temps,
ils sont revenus me faire un petit
coucou, me maintenant dans l'illusion que le livre pouvait s'adresser à moi.
Vers la troisième partie, sans doute stupéfaits de ma patience à me tenir
encore là, ils ont accepté de m'emmener avec eux dans cette histoire.
Je n'aime pas
rester à quai. Alors, j'y ai mis beaucoup de volonté. Sachant que cela parle de
physique quantique, j'ai relu les 50 premières pages deux fois car, concentrée
que j'étais à comprendre cette fabuleuse découverte du "principe
d'incertitude" qui nous est présentée par le biais du langage à l'aide de
métaphores qui sont restées pour moi nébuleuses (mais on est prévenu que le
langage n'est pas capable de retranscrire cette beauté), je n'ai pas bien saisi
dès le départ qui était "vous" et qui était "je": erreur de
débutante...
"Vous",
c'est Werner Heisenberg, physicien allemand qui réussit à expliquer quelque
chose d'incompréhensible nommée "principe d'incertitude", bataillant
ferme contre ses pairs pour imposer sa découverte et qui se retrouve finalement
récompensé par un Nobel en 1933 (oui, l'année où tout bascule).
"Je",
c'est donc celui qui raconte l'histoire de "vous" sur lequel il fait
une fixette après avoir échoué en 1989 (oui, l'année où tout bascule à nouveau)
à un oral de philosophie portant sur la physique quantique du Nobel en
question. On le suit de loin en loin dans son parcours erratique, d'étudiant
fumiste à écrivain (au passage, on refait un petit tour par la Corse) gardant
au fond de lui une fascination philosophico-scientifique pour le mystérieux Heisenberg.
En 1933,
Heisenberg est, comme d'autres (enfin ceux qui ont encore le luxe de pouvoir
choisir) confronté à un dilemme : s'exiler et avoir la certitude que le champ
de la physique sera récupéré et manipulé comme outil de propagande nazie ou
rester, tenter de sauver ce qui peut l'être et prendre le risque de la compromission.
Il choisit finalement de rester. Mais
que d'atermoiements (certes, la question est épineuse) qui m'ont laissé un
sentiment brouillon alors même que l'écriture est très travaillée. Mais c'était
peut être là le but, après tout depuis le début, on navigue sur le thème de l'incertitude.
Évidemment, au
moment où la guerre éclate, ses compétences sont mises à profit et le voilà à
diriger un programme d'armement orienté sur le nucléaire et tentant, autant que
possible, de le freiner. A la fin de la guerre, il aura cependant, avec
d'autres scientifiques allemands, quelques explications à donner aux Alliés. Et
c'est pendant ces 6 mois de "détention" cosy (dans un cottage) qu'ils
apprennent ce qui s'est passé à Hiroshima. S'ouvrent alors des problématiques
fort intéressantes d'ordre philosophique autour de la science et de ses
finalités que j'ai trouvé bien servies par l'écriture ciselée de Jérôme
Ferrari avec à ce moment là des phrases plus courtes et plus abordables.
Au
final, je reste avec une impression partagée concernant ce livre. Une belle écriture du début à la fin, c'est
indéniablement la marque de fabrique de l'auteur (bon, ça ne se limite pas à ça
quand même, bien sûr que c'est réflexif) mais quand j'en arrive à relire
plusieurs fois les phrases pour bien les comprendre, j'avoue que ça me lasse. Pourtant,
j'ai déjà lu de la littérature exigeante. Alors ? Il faut peut être que
j'arrête de me forcer à comprendre toutes ces phrases très belles mais très
longues, ces métaphores sophistiquées et que je lise certains passages presque
comme de la poésie ce qui ne signifie pas qu'il ne faut pas comprendre la
poésie bien sûr. En tout cas mon rapport aux livres de cet auteur (je suis déjà
passée à côté de son précédent) n'est franchement pas une évidence mais pour
autant je n'ai pas envie de m'avouer vaincue. En plus, j'ai déjà réussi à passer le cap (certes assez moyennement) de la physique quantique, alors...
Premier commentaire déceptif que je lis sur ce livre. A vrai dire, je n'étais pas très tentée, mais tous les billets si enthousiastes, notamment sur son écriture, mon conduite à le réserver en bibliothèque (pas prête à l'acheter, non plus, le thème reste la physique, à laquelle son liés mes pires souvenirs de scolarité ;-)
RépondreSupprimerA priori, j'ai plutôt dans l'idée que je vais être sur la même longueur d'ondes que toi (mais c'est totalement instinctif). J'espère donc une heureuse surprise !
Sur Babelio, tu peux trouver une critique de Nadedja qui dit qu'elle n'a pas vraiment aimé non plus, faute de pouvoir le comprendre. C'est vrai qu'il est particulièrement costaud surtout dans la première partie parce que les grandes phrases, d'accord, mais moi j'ai la faiblesse de vouloir les comprendre et là, j'ai un peu eu la sensation d'être la ruminante de service qui regarde passer le train.
SupprimerJ'ai hâte de lire ta critique ! Je te souhaite une bonne lecture.
Pas réussi à rentrer dedans. J'avoue n'avoir pas beaucoup insisté, mais en ce moment, je n'ai pas envie de faire d'effort particulier pour entrer dans un livre. Soit ça passe soit ça casse !
SupprimerJe comprends...surtout que la première partie est la plus difficile...
SupprimerMoi, je lis toujours tout en entier mais je ne sais vraiment pas si j'ai raison de pratiquer ainsi...
Je crois que c'est le premier billet mitigé que le lis sur le principe. Sachant qu'il a été pépité par les blogueurs. Mais c'est très honnête comme avis et je crains que vos doutes puissent être les miens, je suis assez hermétique à la poésie, et je n'arrive pas à lire les romans avec cet oeil là. Pour moi (comme pour Rabelais), tout ce qui ce conçoit bien s'énonce clairement, et d'après ce que vous dîtes, il y a de la complexité stylistique dans ce roman.
RépondreSupprimerJe pense que je le lirai quand même, mais je pars prévenue...
Un bon week-end à vous.
Aviez-vous lu Le sermon sur la chute de Rome ? Belle écriture mais franchement je me suis souvent demandée où il voulait en venir...
SupprimerAvec celui-ci qui parle de physique quantique, il faut encore plus s'accrocher. Soit je suis fatiguée, sois je ne suis pas assez intelligente mais la première partie, ça m'a paru franchement abscons.
Bonne lecture, j'attends votre billet avec intérêt (j'avoue que pour ma petite fierté, ça me rassurerait de savoir que je ne suis pas la seule à ne pas l'avoir vraiment compris ;-)
tout ce qui SE conçoit bien...
RépondreSupprimer(je dois perdre l'habitude de me relire quand c'est publié...donc trop tard pour corriger)