samedi 18 avril 2015

J'ai glissé sur le monde avec effort de Fabien Sanchez



Dans ma librairie, il y a un présentoir assez discret, un peu éclipsé par la table des beaux livres. On pourrait presque passer devant sans le voir. Sur ce présentoir, on trouve des livres tout aussi discrets,  beaux pour autant. Ils n'ont pas de couvertures brillantes et de titres à rallonge qui m'agacent tant. Ils se déclinent dans des teintes douces ou en noir et blanc, parfois une photographie style sépia orne leurs couvertures mates à grains épais. Ils ne sont pas clinquants et n'appartiennent pas à des maisons d'édition connues.
 J'aime bien m'attarder devant ce présentoir.
Le livre que j'avais repéré offrait une combinaison charmante : un titre magnifique (en soi, un poème), un éditeur au nom insolite, une photo à la fois pittoresque et nostalgique où une voiture chargée d'une improbable pile de matelas roule coffre ouvert en direction d'une métropole.  M'emparant de l'objet,  j'ai demandé à mon libraire de manière particulièrement pertinente : "c'est bien, ça ?"
Son œil a pétillé, c'était bon signe. Il m'a parlé de la qualité du travail de cette maison d'édition; il m'a parlé de l'auteur qui a à la fois une écriture simple mais contemporaine, une écriture qui imprègne en profondeur.
J'ai bien aimé l'idée de repartir avec un livre de poèmes alors que je ne l'avais pas prévu au départ. Je l'ai lu aussitôt. Dès le premier poème, j'ai senti l'émotion monter en moi. Je ne sais pas comment en parler, je mesure toute la maladresse qu'il me faut éviter.
On sent des fêlures, des béquilles incertaines, une façon d'avancer sans grande vaillance mais d'avancer quand même, une façon de se chercher dans les voyages, de se trouver peut-être dans l'amour d'une femme. On devine la volonté ténue d'accepter enfin la sortie de l'enfance, une nostalgie douce avec laquelle il faut se construire ou grâce à laquelle on se construit car elle enveloppe de bienveillance comme autrefois le regard du père.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de poésie. Discret présentoir , tu ne m'as pas déçue, je passerai te revoir.

6 commentaires:

  1. C'est tout le charme et la nécessité des librairies : on y va sans trop savoir ce que l'on va y chercher et on en ressort avec des trésors !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout à fait ! Résultat, on a des piles à lire énormes...mais ça, ce n'est pas un problème, au contraire !
      J'avoue que j'ai des libraires formidables qui connaissent plein d'auteurs et qui en plus, en font venir !

      Supprimer
  2. Idem pour les bibliothèques : la plupart de mes coups de coeur viennent des présentoirs des uns et des autres.
    Le titre est tout bonnement magnifique...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. oh oui, ce titre a accroché mon regard...
      Je ne sais pas qui l'a choisi l'éditeur ou l'auteur. En tout cas, la présentation est soignée, la 4ème de couverture par exemple, est très bien rédigée.

      Supprimer
  3. MERCI petite Balabolka....Cela me fait TRES plaisir !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci à vous d'être passé sur mon blog, c'est la première fois qu'un auteur le fait et j'en suis honorée (expression peut-être un peu désuète mais que j'aime bien employer).

      Supprimer