dimanche 30 octobre 2016

Ada de Antoine Bello

Je me suis régalée. J'ai bien essayé de tournicoter une phrase d'accroche un peu plus subtile ou mystérieuse mais pas moyen, je revenais, aimantée à cette envie de livrer d'emblée ma satisfaction de lectrice. Maintenant que c'est chose faite, essayons de dire pourquoi. Il me semble que le thème de cet ouvrage, pour qui aime lire donc aime les mots, a tout pour intéresser (du moins, c'est ce que j'ai pensé en le choisissant juste après, je l'admets, m'être dit que je me procurerai de toute façon le prochain livre de Bello), tout pour intéresser, donc puisqu'il propose une articulation entre intelligence artificielle et capacité à écrire un roman (certes plutôt du genre gnangnan, du moins, au départ) en passant par la maîtrise d'un langage autonome voire d'une pensée par une machine appelée Ada, en référence au langage informatique conçu par Jean Ichbiah dans les années 80. Le tout prend  la forme d'une enquête policière menée par un inspecteur atypique et attachant sur fond de Silicon Valley (dont on découvre que son âge d'or pionnier peut rendre nostalgique) puisque la fameuse et coûteuse Ada a choisi de se faire la malle si on peut dire ça d'une intelligence artificielle dite "AI". On pourrait penser que ça va faire un peu too much d'autant plus que les personnages sont présentés de manière limite caricaturale ? Hé bien, non, je trouve que l'ensemble fonctionne et remplit son voire ses offices.
 C'est instructif :  l'art du Haïku aussi bien expliqué peut justifier à lui seul l'achat du livre et pour ceux qui ne seraient pas amateurs du genre, l'histoire d'Alan Turing et d'Enigma constitue une alternative intéressante à découvrir ou redécouvrir à moins que vous ne préfériez le cours d'entrepreneuriat, création de start-up.
 Autre point fort, ça questionne aussi beaucoup sur le plan éthique voire philosophique : comment peut-on définir l'amour (surtout si on tente de le faire comprendre à une machine) ? Quels domaines peut-on déléguer aux intelligences artificielles et avec quels enjeux ? Une AI qui parle, apprend et poursuit un objectif est-elle consciente ?
 Et enfin, ça n'oublie pas d'amuser par des dialogues efficaces et des jeux sur les registres de langage voire de bluffer par des liaisons réussies entre forme et fond. Le jour où une AI saura concocter un cocktail aussi réussi...

Le billet de Delphine-Olympe grâce à qui je l'ai découvert... 
Le billet de papillon, grande spécialiste de Bello et qui je pense, en parle mieux que personne...

2 commentaires:

  1. Je me suis régalée également à lire ce livre, intelligent et ludique.

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    1. Oui, d'ailleurs, merci de l'avoir découvert et chroniqué ! Tout comme pour les livres d'Elena Ferrante...

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