lundi 25 juillet 2016

Le déclin des clins d'oeil de Simon Masella

Aux éditions LA DRAGONNE
Ma librairie joue parfaitement son rôle de librairie indépendante lorsqu’elle met en avant de petits éditeurs en leur réservant une part non négligeable de ses rayonnages. Convaincue qu’en tant que lectrice, je dois moi-aussi contribuer, même modestement, à la défense des PME (comprendre « petites maisons d'édition », celle-ci a quand même édité Philippe Claudel à ses débuts), j’aime bien musarder dans cet espace à la recherche d’un ouvrage pour lequel je revendique l’exclusivité du choix sans influence quelconque.
Attachée au livre en tant qu’objet, mon attention peut être retenue par un titre éloquent ou mystérieux et par une couverture soignée de préférence abstraite car je n'aime pas que l'on m'impose une image trop explicite, c'est l'une des raisons qui me font préférer la lecture au cinéma.
C'est ainsi que Le déclin des clins d'œil m'en a fait un (oui, je sais, c'est facile) et que je l'ai mis en concurrence (déloyale) avec un Echenoz que j'ai embarqué également (car sortir de la librairie avec un seul livre relèverait de la frustration).
Ce court roman raconte les péripéties de deux gosses d'une dizaine d'années, bien décidés à délivrer leur copine obèse envoyée par ses parents dans un centre d'amaigrissement. Précisons qu' ils ne s'embarrassent pas de formules et l'appellent « Cathy-la-Grosse » sans que ce soit discriminant puisque l'un des deux en est amoureux et ne considère en aucun cas ses rondeurs comme un problème. L'histoire est racontée par Yann, un prénom parfait quand on est admirateur de Star Wars et de Yan Solo. Il est embarqué dans l'aventure par solidarité avec son copain Ulysse, pseudo pour qui aime les héros d'un autre temps.
Le principal intérêt de ce roman est d'essayer de retrouver les ressorts de l'enfance, ce mélange d'inconscience, de naïveté et d'effronterie qui ouvre la porte de l'imaginaire et embarque de grands sentiments parce qu'il n'est pas question de voir petit, pas question de  se rêver autrement qu'en héros.
L'ensemble est inégal et je pense que l'emploi des gros mots n'apporte pas spécialement une plus-value pour accréditer une parole enfantine mais il s'agit d'un premier roman écrit à 22 ans par son auteur. Malgré un certain nombre de maladresses, sans doute par volonté de trop bien faire, j'ai aussi trouvé des passages plus réussis, où l'auteur s'approche assez bien du ton de l'enfance, en recréant cette témérité naïve qui fait sourire. 
Et puis, j'avoue que cela me plait d'avoir intercalé cette lecture entre un Baricco et un Echenoz, ténors de la littérature qui n'ont pas vraiment besoin de défenseurs pour se faire connaître. J'aime à penser que la littérature a besoin de tous ses auteurs (je mets volontairement un déterminant possessif), les débutants comme les confirmés, les classiques comme les contemporains pour nous offrir sa diversité et nous enthousiasmer, nous agiter, nous séduire, nous surprendre...(chacun mettra le verbe qui lui convient). 

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