dimanche 24 juillet 2016

La Jeune Epouse de Alessandro Baricco

En virtuose de l’écriture, Baricco parvient à créer des univers poétiques emprunts d’une sorte de délicatesse intemporelle. Il choisit avec habileté les mots sur plusieurs registres, s’amuse à créer des associations dont l’incongruité surprend puis fait sourire et rythme sa phrase comme une partition de musique. Bref, son écriture est savoureuse et je l’ai retrouvée avec plaisir dans ce nouvel ouvrage.
La Jeune Epouse qui est en fait seulement fiancée débarque le jour même de ses dix-huit ans dans cette famille bourgeoise italienne qui s’accroche, en ce début de XXème siècle,  à des usages mi-surannés, mi-fantasques, compréhensibles d’elle-seule. Chacun campe un rôle au point que celui-ci en devient éponyme mais il serait dommage de dévoiler ici cette galerie de portraits dont les particularités constituent, selon moi, l’essentiel du charme du roman.
L’écriture de Baricco va distribuer tour à tour au lecteur des notes poétiques, osciller entre le loufoque et le fantastique, faire une large place à la sensualité mais aussi permettre la réflexion sur le processus d’écriture. C’est dense, ambitieux, bien maîtrisé. Aussi ai-je considéré les nombreux glissements de narrateur comme la chantilly sur un gâteau déjà fort riche : pas forcément nécessaire. Même si l’auteur se justifie sur le processus (p 62 seulement et en attendant, on est quelque peu paumé), je n’ai pas été pleinement convaincue et de fait, je n'ai pas réussi à dépasser l’impression de la prouesse stylistique. Pour autant, d'autres lecteurs pourront considérer que cette subtilité narrative donne toute sa saveur au roman. Je préfère, quant à moi, quand Baricco utilise sa magnifique écriture pour produire des épures aussi belles que Novecento : pianiste

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