vendredi 15 avril 2016

Mes dix règles d'écriture de Elmore Léonard

Je ne connaissais pas Elmore Léonard jusqu'à la rencontre en librairie avec l'auteure Dominique Sylvain qui lui voue une grande admiration et le reconnaît comme l'un de ses professeurs. J'aime quand ma librairie rend possible cet état de sérendipité. 
Elmore Léonard est un auteur américain, plutôt prolifique mais dont la reconnaissance a été tardive. Son nom reste associé à l'univers du western et du roman policier. 
Je suis sortie de la librairie avec cet exemplaire (hors commerce) où, on l'aura compris, l'auteur donne quelques conseils en matière d'écriture. Ce sont plutôt des prescriptions en creux c'est-à-dire des choses à éviter, des pièges dans lesquels il ne faut pas tomber. Le tout est proposé sur un mode humoristique que renforcent encore les excellentes illustrations de Joe Ciardello. 
Que retenir de ce petit livre/essai ? Pour Elmore Léonard, l'auteur doit se faire discret, invisible même. Il doit chercher à montrer ce qui se passe plutôt que de le raconter. Même dans les dialogues, dont on pourrait croire qu'ils appartiennent seulement aux personnages, l'auteur doit faire attention à ne pas être intrusif, à ne pas "mettre son grain de sel". Aussi, recommande-t-il le "dit-il" pour accompagner les dialogues et rien d'autre. 
Cette neutralité qui, à d'aucuns, pourrait paraître un peu plate relève, me semble-t-il, d'une grande humilité. Rien ne doit détourner de l'histoire, même pas l'écriture.
Comme Elmore Léonard a parfaitement conscience que l'auteur peut parfois éprouver le besoin de se montrer davantage (il emploie le terme "s'exhiber", c'est dire ce qu'il en pense), il autorise une sorte de chapitre "bric-à-brac", qui n'est pas essentiel pour l'histoire, mais à la condition que le titre soit suffisamment explicite pour que le lecteur ait envie de le passer si l'envie lui prenait. Il part d'ailleurs du principe que le lecteur ne lira pas tout.
Sans avoir l'air de se prendre au sérieux, j'ai trouvé qu'Elmore Léonard faisait passer des idées assez pertinentes qu'il résume avec l'efficace: "Si ça a l'air écrit, je réécris".
Après, il est certain qu'on peut aimer aussi des livres très écrits où l'écriture semble prendre le pas sur l'histoire.
L'autre intérêt de ce livre (qui est suivi, précisons-le, d'un catalogue raisonné de l'éditeur) tient aussi dans le fait qu'il propose de nombreuses références littéraires. Outre les incontournables Hemingway et Steinbeck, sont évoqués Annie Proulx, Margaret Atwood, Tom Wolfe, Jim Harrison (disparu il y a peu) et Joseph Conrad. De quoi prolonger la sérendipité...

4 commentaires:

  1. Tiens, tiens, Steinbeck...
    En tout cas, il semble que ce soit un beau livre !

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    1. Oui, je vois pourquoi tu dis ça, à propos de Steinbeck, j'ai relu ton interview de Michel Moutot...
      Elmore Léonard cite quant à lui plusieurs fois "Tendre jeudi"...

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    2. J'ai bien envie d'essayer de me le trouver, je raffole des conseils d'écriture, souvent révélateurs d'approches très diverses de ce qu'est la littérature. Merci pour cette chronique. :)

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    3. Moi aussi, j'aime bien les conseils d'écriture et les ateliers d'écriture en général. D'ailleurs, je vais souvent lire le tien...

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