Si comme moi, vous devez à Balzac vos premiers émois littéraires et que vous lui vouez une admiration indéfectible qui ne souffre aucune exégèse littéraire ayant l'ambition de le comparer à tel ou tel de ses contemporains (pour certains, tout aussi remarquables), ce livre n'aura pas manqué d'attirer votre attention et sans doute votre bienveillance.
J'avais donc un a priori très favorable en abordant cette lecture et une rieuse envie (j'avais écrit "furieuse" mais un clavier facétieux a eu envie d'afficher "rieuse" alors, laissons !) de monter dans la calèche en compagnie de M. de Balzac. Ah, certes, il a déjà de la compagnie, féminine bien que déguisée en homme (Georges Sand a fait des émules), en la personne de Madame Marbouty, une femme de lettres qui écrivit sous le pseudonyme de Claire Brunne comme nous le précise la postface.
Mais pour l'heure, en 1836 donc, c'est sous le prénom "Marcel" et façon page ou secrétaire, que Caroline Marbouty voyage vers Turin en compagnie de l'écrivain, subterfuge qui ne trompe guère mais qui a été choisi non pas tant pour ménager son époux qui l'a abandonnée que pour esquiver la jalousie de la comtesse Hanska dont Balzac est tombé amoureux malgré l'inaccessibilité matrimoniale et géographique de cette dernière.
Les amours de Balzac sont compliquées (à ce moment là, pas moins de quatre femmes gravitent dans ses pensées ou dans ses bras) ; ses finances sont au plus bas après la faillite de La Chronique de Paris, une revue royaliste qui devait servir ses ambitions politiques. Quant à la réception de son dernier roman, Le lys dans la vallée, la critique procède surtout du règlement de comptes de la part de lettrés que Balzac a agacés ou vexés. C'est donc avec soulagement qu'il accepte la proposition de son ami, le duc Guidoboni-Visconti qui le mandate (avec les subsides nécessaires) pour gérer une affaire d'héritage à Turin. Après tout, n'a-t-il pas été "saute-ruisseau" puis clerc de notaire dans sa jeunesse ?
Après plusieurs jours dans l'espace confiné de la calèche créant une promiscuité que Balzac échoue à pousser à son avantage, les deux voyageurs, accueillis dans le luxe de l'hôtel Europa sont bientôt sollicités par l'aristocratie locale. Les voici invités dans des soirées mondaines où Balzac se distingue par son aisance naturelle, une sorte d'habitus qui surprend et séduit quelque peu Caroline/Marcel.
J'ai trouvé que Max Genève avait su, par le ton de son écriture, restituer cette ambiance tournée à la fois vers les arts et la culture mais aussi empesée par les usages en vigueur dans les sociétés aristocratiques du XIXème siècle. Le contexte historique est présent, tel un substrat mais sans jamais prendre le pas sur le propos de l'histoire. Cet arrière-plan contextuel ne se limite pas à l'évocation des tensions géopolitiques autour de la Maison de Savoie. Il invite aussi à découvrir, au gré des pérégrinations de Balzac dans la ville ou des invitations auxquelles il répond, quelques-uns des sujets d'intérêt de l'époque comme par exemple, l'engouement pour l'Egypte ancienne ou bien encore la botanique qui tend à se transformer en véritable science.
Il ne se passe pas forcément grand chose au cours de ce voyage à Turin mais je ne m'attendais pas non plus à des péripéties débridées dans ce qui reste un épisode plaisant mais ponctuel de la vie de Balzac.
La qualité de l'écriture et surtout son harmonie avec le propos, l'originalité de l'approche de cet immense écrivain, la toile de fond XIXème, à la trame politique et sociale sont autant de raisons pour monter dans la calèche mais peut-être, ne suis-je pas tout à fait objective à propos de la compagnie que vous y trouverez,
Mais pour l'heure, en 1836 donc, c'est sous le prénom "Marcel" et façon page ou secrétaire, que Caroline Marbouty voyage vers Turin en compagnie de l'écrivain, subterfuge qui ne trompe guère mais qui a été choisi non pas tant pour ménager son époux qui l'a abandonnée que pour esquiver la jalousie de la comtesse Hanska dont Balzac est tombé amoureux malgré l'inaccessibilité matrimoniale et géographique de cette dernière.
Les amours de Balzac sont compliquées (à ce moment là, pas moins de quatre femmes gravitent dans ses pensées ou dans ses bras) ; ses finances sont au plus bas après la faillite de La Chronique de Paris, une revue royaliste qui devait servir ses ambitions politiques. Quant à la réception de son dernier roman, Le lys dans la vallée, la critique procède surtout du règlement de comptes de la part de lettrés que Balzac a agacés ou vexés. C'est donc avec soulagement qu'il accepte la proposition de son ami, le duc Guidoboni-Visconti qui le mandate (avec les subsides nécessaires) pour gérer une affaire d'héritage à Turin. Après tout, n'a-t-il pas été "saute-ruisseau" puis clerc de notaire dans sa jeunesse ?
Après plusieurs jours dans l'espace confiné de la calèche créant une promiscuité que Balzac échoue à pousser à son avantage, les deux voyageurs, accueillis dans le luxe de l'hôtel Europa sont bientôt sollicités par l'aristocratie locale. Les voici invités dans des soirées mondaines où Balzac se distingue par son aisance naturelle, une sorte d'habitus qui surprend et séduit quelque peu Caroline/Marcel.
J'ai trouvé que Max Genève avait su, par le ton de son écriture, restituer cette ambiance tournée à la fois vers les arts et la culture mais aussi empesée par les usages en vigueur dans les sociétés aristocratiques du XIXème siècle. Le contexte historique est présent, tel un substrat mais sans jamais prendre le pas sur le propos de l'histoire. Cet arrière-plan contextuel ne se limite pas à l'évocation des tensions géopolitiques autour de la Maison de Savoie. Il invite aussi à découvrir, au gré des pérégrinations de Balzac dans la ville ou des invitations auxquelles il répond, quelques-uns des sujets d'intérêt de l'époque comme par exemple, l'engouement pour l'Egypte ancienne ou bien encore la botanique qui tend à se transformer en véritable science.
Il ne se passe pas forcément grand chose au cours de ce voyage à Turin mais je ne m'attendais pas non plus à des péripéties débridées dans ce qui reste un épisode plaisant mais ponctuel de la vie de Balzac.
La qualité de l'écriture et surtout son harmonie avec le propos, l'originalité de l'approche de cet immense écrivain, la toile de fond XIXème, à la trame politique et sociale sont autant de raisons pour monter dans la calèche mais peut-être, ne suis-je pas tout à fait objective à propos de la compagnie que vous y trouverez,
L'une de mes idoles littéraires...
RépondreSupprimerJ'avais lu, il y a bien longtemps, la biographie qu'avait écrite Zweig à son sujet. Je crois qu'on ne peut pas faire meilleur portrait du grand écrivain !
Hou, alors là, tu me tentes car j'aime beaucoup l'écriture de Zweig et si en plus, ça parle de Balzac...
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