mardi 5 avril 2016

L'autre Joseph de Kéthévane Davrichewy

Un titre intrigant avec un bandeau qui en accentue l'effet, un contexte historique prégnant, un livre qui avait l'art de se faire remarquer sur son présentoir de librairie, autant d'appâts pour que je le choisisse et pourtant je suis passée à côté de cette lecture.  L'auteure qui relate l'histoire de son arrière grand-père, Joseph Davrichewy, a adopté une posture factuelle et distante. Le personnage n'est sans doute pas simple à appréhender. Né en Géorgie, à Gori, à la fin du XIXème siècle, il évolue dans l'environnement proche d'un autre Joseph, ayant pour nom Djougachvili, autrement dit, Staline mais que l'on surnomme dans son jeune âge "Sosso". Les deux enfants sont rivaux d'autant plus que Joseph accepte mal l'intérêt tout particulier que son père Damiané, préfet de Gori, accorde à Sosso. La ressemblance entre les deux Joseph alimente les rumeurs. N'auraient-ils pas le même père ?
 Aux bagarres de l'enfance succède une forme de concurrence entre les deux jeunes hommes gagnés par le sentiment révolutionnaire.Ils rêvent d'une Géorgie indépendante, libérée du joug tsariste et de la russification forcée. La révolte couve dans les rues de Tiflis où Joseph étudie en compagnie d'un certain Lev Rosenfeld, le futur Kamenev.
Inquiet car il le sait repéré par la police du tsar, Damiané expédie son fils à Paris. Dans le quartier latin, Joseph retrouve alors une communauté d'étudiants russes, militants marxistes pour certains ainsi que des réfugiés politiques, une diaspora à laquelle en succèdera une autre, après 1917. S'il fréquente ces milieux révolutionnaires, Joseph reste cependant assez confus sur ses motivations intimes. N'est-il pas porté par une tendance plutôt que véritablement convaincu ? Que vaut son engagement en comparaison de celui de Sosso qui se fait appeler désormais Koba, dont la réputation est grandissante après son évasion de Sibérie ? La révolution de 1905 donne l'occasion aux deux hommes de se réunir autour d'un même combat sans que la méfiance entre eux ne s’estompe.
L'auteure nous fournit des éléments précis sur cette révolution somme toute assez méconnue. Elle ne nous parlera pas de l'autre, celle de 17 car son arrière-grand-père n'y a pas participé. Traqué, désabusé (c'est ce que je pense avoir compris), il s'exile définitivement pour la France. 

Ce livre est bien documenté, précis, honnête mais il m'a tenue à distance et même m'a parfois ennuyée, justement en raison de ce côté informatif. Pour faire simple, j'attendais sans doute plus de romanesque (et moins de faits) mais l'auteure pouvait-elle se permettre une autre voie étant donné les balises imposantes que représente de part et d'autre l'ancrage à la fois historique et familial ?
J'ai cependant apprécié les passages où l'auteure analyse ce que cet arrière-grand-père mythique représente pour sa descendance. Dans ces aspects plus intimes, l'émotion se libère et là, j'ai eu la sensation de lire un roman. 


Mes impressions rejoignent celles de Delphine-Olympe dont je vous conseille la lecture du billet

4 commentaires:

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    1. Oui, je te rejoins en tous points sur tes impressions de lecture et d'ailleurs, je vais mettre un lien vers ton billet !

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  2. J'ai un avis beaucoup plus positif que Delphine et toi... c'est bien que parfois les avis divergent...

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    1. Oui, je suis bien d'accord ! Je reconnais que ce livre a des qualités mais j'attendais autre chose, je pense.

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