Que Philippe Jaenada contribue à la collection Incipit, qui se propose de raconter les "grandes premières fois", pourquoi pas après tout ? Mais lorsqu'il choisit le thème des premiers Jeux Olympiques, ça peut surprendre, a priori, pour qui l'a déjà un peu lu.
Le sport et lui, c'est clair que je n' avais pas spécialement pensé à les associer sauf qu'il y a du héros dans cette affaire ou du anti-héros, du champion malgré lui et là, évidemment, ça colle davantage.
Plus habitué aux trames contemporaines, notre spécialiste des parenthèses savoureuses a un peu bossé son sujet mais ne l'avoue qu'à demi-mots (timide, tiens donc ?) : manquerait plus que ça qu'on le prenne au sérieux.
Qui a-t-il choisi de mettre sur le devant de la scène cette fois ? Un certain Spiridon de Maroussi, petit village à 15 km d'Athènes. Spiridon a été champion olympique du marathon, discipline reine avec le lancer de disque mais si personne ne le connaît (ou l'a oublié), c'est parce que tout cela se passe en 1896, lors des (premiers) Jeux olympiques, en tout cas ceux communément appelés "de l'ère moderne" (je précise que les historiens utilisent le terme "contemporain" pour cette période, faudrait voir à pas nous embrouiller tout de même).
Après un exposé (documenté l'air de rien) sur les Jeux antiques, l'auteur nous associe à leur rénovation au XIXème siècle, tout en ramenant à sa juste place (importante tout de même) le rôle du baron Pierre de Coubertin (où l'on apprend ou réapprend au passage que l'idée du marathon venait d'un certain Bréal et où l'on nous démontre que la très célèbre citation associée à Coubertin, je vous laisse deviner laquelle, aurait été déformée dans son interprétation...).
Mais revenons à Spiridon. On est loin de l'athlète professionnel, on s'en doute. Spiridon est porteur d'eau. Depuis tout gosse, il court à côté de la charrette de son père, chargée de lourdes jarres remplies d'eau de la source du village, appréciée des Athéniens. Représenter son pays, il s'en passerait bien (et puis, il n'est pas le seul, les marathoniens grecs sont plus d'une dizaine) mais voilà, cette course emblématique est devenue un enjeu national. Alors Spiridon fait de son mieux...
En peu de pages, dans un style qu'on ne présente plus (non, trop facile...), dans un style qui consiste en un savant dosage d'humour et de digressions installant une complicité naturelle avec le lecteur, Jaenada parvient à nous rendre attachant ce champion qui n'avait pas pensé le devenir un jour, témoin d'une proposition nouvelle pour le sport mondial à laquelle les femmes n'avaient cependant pas été conviées (pour cela, il faudra attendre 1900).
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