mardi 29 août 2017

Dans les veines ce fleuve d'argent de Dario Franceschini

Merci à ma nièce pour ce marque-pages
original qui s'accorde si bien à ce livre..
C'est un petit livre à la couverture sobre comme je les aime. Nul besoin de fioritures quand on porte un titre aussi beau. Mon libraire n'a pas résisté au plaisir de me lire les premières lignes et le charme a aussitôt opéré. L'écriture est douce et juste. Empreinte d' une poésie discrète, elle donne envie de lire non pas à voix haute mais de murmurer les mots. Ce fleuve d'argent, c'est le Pô que Primo Bottardi entreprend de remonter  à la recherche d'un ami d'enfance qui lui a posé une question quelques quarante ans plus tôt. Ce voyage est l'occasion de maintes rencontres, la plupart liées au grand fleuve. Les lavandières, les passeurs du bac et surtout les pêcheurs d'esturgeon sont convoqués tour à tour au gré du rythme lent de la charrette d'Artioli, le livreur qui a accepté Primo à son bord. Tous les personnages ont un rapport particulier au fleuve qui les fascine, les nourrit mais qu'ils craignent en raison de son cours parfois impétueux et de ses crues dévastatrices. Leurs histoires sont parfois d'un réalisme simple et paisible, parfois plus mystérieuses voire fantastiques mais elles sont toujours racontées par l'auteur avec une grande justesse. Livre-épure qu'une fois encore je suis allée chercher du côté de la littérature italienne, Dans les veines ce fleuve d'argent alterne entre le propos intimiste, introspectif d'un homme vieillissant et une forme de bienveillance, de tendresse infinie pour tous ces gens du fleuve qui ont appris au fil des siècles à composer avec lui. Tel le ruban argenté de son cours, l'écriture de Dario Franceschini les enrobe dune tonalité nostalgique et poétique qui fait de cette lecture un moment précieux. 

mercredi 16 août 2017

La nuit des temps de René Barjavel

Merci beaucoup à O. qui a relevé le défi
 de me faire aimer la science-fiction...
Mais pourquoi ai-je mis si longtemps avant de lire ce livre magnifique ? Qu'est-ce qui fait qu'on passe parfois à côté de certains chefs d'oeuvre ? Bien sûr, on ne peut pas tout lire mais avec cet ouvrage, paru il y a presque 50 ans, là n'est pas l'explication en ce qui me concerne. Je le découvre seulement maintenant, en raison d'un a priori négatif (et jusque là tenace) vis-à-vis de la science-fiction et je me mettrai bien une claque pour avoir ainsi borné le champ possible de mes découvertes. Certes, ce n'est pas parce que j'ai adoré ce livre que j'aime toute la science-fiction mais je gage qu'elle renferme bien d'autres pépites.
J'aurais pu donc ne jamais lire ce livre merveilleux et je n'aurais pas découvert son inventivité, son imaginaire pas plus que son chant d'amour. J'ai été épatée par l'ingéniosité développée par l'auteur pour rendre cette expédition polaire crédible. Cela peut paraître inadapté d'employer le terme "crédible" mais je trouve que toutes les contraintes et leurs résolutions sont abordées avec intelligence, par exemple, la question de la traduction des langues, entre les scientifiques d'abord puis surtout pour comprendre le langage d'Elea. Et que dire de la description de la civilisation disparue ? J'ai lu que ce livre était à l'origine un scénario de film (qui n'a pas trouvé preneur !) et il me semble que cela se ressent à la lecture, à moins que ce côté visuel ne soit propre au genre de la science-fiction. La description de Gondawa donne la part belle à l'imaginaire bien entendu mais l'auteur n'oublie pas de glisser des messages. En effet, ce monde merveilleux qui a l'air parfait au départ puisqu'on peut créer tout à partir de rien, se fissure progressivement, laissant apparaître des gens que l'on désigne, des révoltes que l'on brime, des exclus qui se cachent...
Mais ce que je retiendrai surtout, c'est l'émotion que m'ont procurée les premières pages, ce chant d'amour pour une beauté endormie de 900000 ans, des mots qui m'ont presque intimidée tant je les ai trouvé beaux et je me réjouis de faire désormais partie de la communauté de ceux qui peuvent convoquer dans leur univers mental la magnifique histoire d'Elea et Païkan.