En virtuose de l’écriture, Baricco parvient à créer
des univers poétiques emprunts d’une sorte de délicatesse
intemporelle. Il choisit avec habileté les mots sur plusieurs
registres, s’amuse à créer des associations dont l’incongruité
surprend puis fait sourire et rythme sa phrase comme une partition de
musique. Bref, son écriture est savoureuse et je l’ai retrouvée
avec plaisir dans ce nouvel ouvrage.
La Jeune
Epouse qui est en fait seulement fiancée débarque le jour même de
ses dix-huit ans dans cette famille bourgeoise italienne qui
s’accroche, en ce début de XXème siècle, à des usages mi-surannés, mi-fantasques,
compréhensibles d’elle-seule. Chacun campe un rôle au point que
celui-ci en devient éponyme mais il serait dommage de dévoiler ici
cette galerie de portraits dont les particularités constituent,
selon moi, l’essentiel du charme du roman.
L’écriture
de Baricco va distribuer tour à tour au lecteur des notes poétiques,
osciller entre le loufoque et le fantastique, faire une large place à
la sensualité mais aussi permettre la réflexion sur le processus
d’écriture. C’est dense, ambitieux, bien maîtrisé. Aussi ai-je
considéré les nombreux glissements de narrateur comme la chantilly
sur un gâteau déjà fort riche : pas forcément nécessaire.
Même si l’auteur se justifie sur le processus (p 62 seulement et en attendant, on
est quelque peu paumé), je n’ai pas été pleinement convaincue et de fait, je n'ai pas réussi à dépasser
l’impression de la prouesse stylistique. Pour autant, d'autres lecteurs pourront considérer que cette subtilité narrative donne toute sa saveur au roman. Je préfère, quant à moi, quand Baricco utilise sa magnifique écriture pour produire des épures aussi belles que Novecento : pianiste.
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