dimanche 21 décembre 2014

Ce que je sais de Vera Candida de Véronique Ovaldé

Dans une île imaginaire que l'on peut situer en Amérique latine, trois générations de femmes sont confrontées à la même destinée : avoir un enfant sans l'avoir désiré et l'élever seule. C'est donc une galerie de famille qui nous est proposée :
Rose (on commence par son histoire) donne le ton. C'est une femme forte, pragmatique. Prostituée dans sa jeunesse, elle choisit de se reconvertir en pêcheuse de poissons volants. Séduite (ou kidnappée ?) par un brigand, Jeronimo qui se révèlera un individu de plus en plus sordide, elle devient mère dans la quarantaine alors qu'elle pensait ne jamais être concernée par la maternité. Violette, la fille, devenue mère à 15 ans de Vera Candida, incapable de l'élever pour cause de retard mental et d'alcoolisme. Vera Candida, recueillie par Rose, est celle sur qui les espoirs reposent. Enceinte à 15 ans, elle décide de quitter Vatapuna, pour rompre avec cette fatalité contre laquelle sa grand-mère  l'avait pourtant mise en garde. Départ pour Lahoméria, la ville du continent où elle met au monde la petite Monica Rose. Un temps hébergée dans un foyer pour mères célibataires puis dans un immeuble communautaire, elle s'efforce de se construire un avenir mais ferme son cœur aux hommes dont il faut décidément se méfier. Elle reste insensible à la cour appuyée que lui réserve le journaliste Itxaga (pseudo Billythekid...), sorte de chevalier servant de la cause des femmes. Plusieurs années s'écoulent avant que Vera Candida se sente digne du bonheur qui lui est proposé. Désormais, Itxaga sera son grand amour, son compagnon et le père de sa fille.
Pourtant, c'est à Vatapuna qu'elle décide de revenir, seule, à l'annonce de sa maladie. Retour aux origines, à l'île-matrice, c'est en fait le topos par lequel commence le roman, 24 ans après le départ de Vera Candida.
Un roman vif qui aborde sans détours, des thèmes difficiles concernant la condition féminine ; une très belle évocation de l'amour maternel en tant que force rédemptrice ; un roman qui  invite, avec bonheur, aux grands écarts entre le caractère terrien de Rose (et pourtant, elle pêche...) et l'incongruité de certaines situations, entre la force qu'il dégage et la nostalgie qui s'y fait une place, le tout dans un décor latino-américain parfaitement assumé (dans sa géographie et son passé)  : quel talent !
Pourquoi ne l'ai-je pas lu plus tôt...

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